Écologie : Kyoto, le bec dans l’eau




La Commission européenne a, le 12 décembre, allégé les contraintes environnementales aux entreprises, au mépris des accords de Kyoto sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Malgré le dérèglement climatique, la loi du profit reste le dieu-soleil de l’UE.

La crise économique a fait passer dernièrement les questions environnementales au second plan. Les capitalistes, et leurs amis au pouvoir profitent même de la crise pour retarder l’adoption de nouvelles « contraintes » environnementales, pourtant nécessaires.

L’UE encourage les pollueurs

Le paquet « climat/énergie », adopté le 12 décembre par la Commission européenne est décevant par rapport aux ambitions initiales. Par exemple, les entreprises européennes peuvent comptabiliser les réductions d’émission de CO2 qu’elles réalisent hors de l’Union européenne, ce qui n’incite pas à la transformation du tissu productif européen. Pour l’automobile, même si l’objectif d’émission reste de 120 g de CO2 par kilomètre, de nombreuses exonérations obtenues par les lobbys, permettent d’aller jusqu’à 160 g... ce qui est déjà la moyenne actuelle.

Pire, les industries les plus énergivores (cimenteries, centrales thermiques, etc.) se voient allouer gratuitement des quotas d’émission de CO2 échangeables sur le marché européen des « droits à polluer ». Elles échappent ainsi à la règle de l’achat de ces quotas, sous prétexte du risque de délocalisation. Le manque à gagner, par ce cadeau aux principaux pollueurs, se chiffre à 20 milliards d’euros, qui auraient pu servir pour des investissements « propres ».

Certes, l’engagement de l’Union européenne pour les « 3 x 20 » – 20 % de réduction des émissions de CO2 par rapport au niveau de 1990, 20 % d’énergies renouvelables dans la production d’énergie, 20 % d’économies d’énergie – a été reconduit pour 2020, mais les moyens d’atteindre cet objectif, déjà limité en lui-même, ne sont pas à la hauteur.

Mille lobbies industriels à la conférence sur le climat

Parallèlement, se tenait du 1er au 12 décembre à Poznan, en Pologne, une conférence de l’Onu sur le changement climatique. Cette conférence préparait celle de décembre 2009 à Copenhague où seront pris les engagements sur la suite du protocole de Kyoto de 1998, qui prend fin en 2012.

Il faut retenir de Poznan la volonté de la Chine de s’imposer des objectifs chiffrés en matière d’environnement et de réduction des émissions de CO2. Ce pays étant maintenant le premier émetteur de CO2, cette décision est un progrès considérable. Mais on retiendra surtout le manque global d’ambition de cette conférence, sûrement dû à la présence sur place de plus de mille lobbies industriels.

Le principal point de discorde, lourd de menaces pour la conférence de Copenhague, vient de la demande des pays du Sud que les pays riches augmentent leur financement au fonds d’adaptation, destiné à aider les pays en développement à réaliser des investissements propres et à s’adapter au changement climatique. Mais le Nord, niant sa responsabilité dans la crise environnementale, se refuse à doter ce fonds des moyens nécessaires à son efficacité.

Une inertie dangereuse

Les technocrates, lancés dans la course capitaliste à l’accumulation, sont incapables d’évoluer. Alors que les dommages socio-économiques du capitalisme se manifestent encore une fois dramatiquement, ils se refusent à changer leur modèle, et nous mènent vers une crise écologique majeure. Car ni l’Europe ni l’Onu ne remettent en question, à part dans leur rhétorique, le productivisme et les règles du commerce international, qui sont pourtant la cause du gaspillage des ressources naturelles, de l’excès de circulation des marchandises, et de la vulnérabilité des pays pauvres au changement climatique.

Jocelyn (AL Paris-Sud)

 
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