Antifascisme : Succès pour les Antifa à Dresde




Le 18 février avait lieu une grande manifestation antifasciste à Dresde, l’occasion pour le mouvement antifa allemand d’exposer sa capacité de mobilisation. Nous y étions.

Depuis 2008, l’extrême droite néonazie allemande, autrichienne, scandinave et plus largement d’Europe de l’Est se réunit tous les ans en février, à Dresde.

Cette manifestation fasciste a pour objectif de dénoncer les bombardements massifs par l’aviation anglaise et américaine, le 13 février 1945, qui ont détruit la ville dans une tornade de feu et fait 45 000 morts. Sous couvert d’anti-impérialisme et de prétextes humanitaires, c’est l’occasion pour les néonazis de distiller leur idéologie de haine tout en tentant d’apparaître légitimes. En 2008, la manifestation nazie a pu regrouper 10 000 personnes, ce qui est énorme pour le courant néo-nazi.

Face à cela, le mouvement antifasciste allemand, qui est très fort, a riposté en organisant une contre-manifestation. L’objectif n’était pas seulement de présenter aux médias une opinion contradictoire, comme c’est trop souvent le cas en France, mais surtout de bloquer physiquement la manifestation nazie par une série de barrages. Cette tactique a connu divers succès, mais en 2011, les antifascistes ont atteint leur but en bloquant complètement la manifestation et empêchant ainsi les nazis de défiler. Ce succès a été obtenu au prix d’affrontements avec la police, qui en 2011 a compté une centaine de blessés dans ses rangs. Pour se venger, les nazis ont attaqué un centre social et l’ont assiégé pendant plusieurs heures sans réussir à le prendre sans que la police n’intervienne.

[*Des néonazis affaiblis*]

L’échec de la manifestation nazie de 2011 a porté un coup à leur capacité de mobilisation. En 2012, « seulement » 1 500 nazis se sont mobilisés – ce qui reste beaucoup trop. Rappelons qu’en France, la mouvance fasciste (hors FN) peine à rassembler plus de 800 personnes dans la rue. Pour éviter de paraître peu nombreux, les nazis ont choisi de manifester le 13 février, cinq jours avant la date qu’ils avaient officiellement annoncé. De son coté, la manifestation antifasciste radicale tenue le 18 février (distincte de la manifestation républicaine, organisée par la mairie) a rassemblé près de 15 000 participants soit dix fois plus que les nazis. Les manifestants venaient globalement de l’extrême gauche allemande, de diverses organisations communistes, des jeunesses social-démocrates (Juso), de Die Linke et surtout du réseau Antifaschitische Aktion (Action Antifasciste). Celui-ci était probablement la plus gros réseau de tendance libertaire présent. Ses cortèges ont regroupé plusieurs milliers de participants dans plusieurs black blocs, ce qui démontre l’importante capacité de mobilisation de l’antifascisme radical allemand.

[*Rapport de force favorable*]

En l’absence de nazis, la manifestation s’est bien déroulée. La police allemande a fait le choix de la « Deseskalation », c’est à dire l’évitement du conflit. La police s’est ainsi fait jeter des fusées, des bouteilles, des pétards tout au long de la manifestation sans réagir, le rapport de force n’étant pas en leur faveur, ce qui change agréablement des manifestations françaises. Pour conclure, on pourra dire que cette manifestation est un succès pour le mouvement antifasciste allemand qui a su montrer sa force. Cela dit, notre voyage nous a permis de constater que si le mouvement antifasciste est fort c’est aussi le seul terrain d’action des révolutionnaires libertaires qu’ils soient anarchistes, communistes libertaires ou autonomes, l’équivalent du mouvement social et des luttes sociales étant malheureusement peu développé en Allemagne. Là encore, en militantisme comme en économie, on ne peut pas dire qu’il existe un modèle allemand.

Matthijs (AL Montpellier), Arthur

 
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