Garages autogérés : L’huile de (vos) coudes pour démarrer




Le déplacement et l’autonomie constituent pour beaucoup une question centrale. Or, on ne dispose pas toujours des compétences ni des outils pour intervenir sur nos moyens de locomotions quotidiens ; bon nombre d’entre nous sont donc tributaires des garages et autres concessions.

Certains tentent de contourner cette situation en créant des lieux autogérés dédiés à la mécanique. Dans nos habitats déjà petits, dédier un espace à la seule réparation mécanique est rarement possible. Investir dans des outils coûteux dont le nombre d’utilisation sera finalement fort restreint n’est également pas une évidence. Mais la mutualisation des outils et connaissances autour des ateliers apparaît elle comme rapidement réalisable. Passée une certaine densité de population, ce type d’expériences ne peut être qu’un succès et les nombreuses structures associatives qui se sont montées au fil des ans en attestent. Profitant de la souplesse de leur organisation, ces lieux ont dépassé le seul cadre des réparations pour devenir des lieux sociaux appréciés. Certaines associations se sont lancées dans des projets de réinsertion de chômeurs de longue durée. D’autres ont élargi leur cadre pour ouvrir des cafés. Sous cette variété d’activités reste le même leitmotiv : transmettre et rendre autonome. La valorisation des connaissances transmises vaut largement la désacralisation d’un domaine, réservé à quelques « spécialistes ». Ainsi, non seulement on repart avec son véhicule mais également avec les compétences pour le réparer. C’est sans doute une des clefs du succès de ces garages autogérés.

[*Difficile passage*]

Pourtant, quelques zones d’ombre apparaissent. Implantés au cœur des quartiers, il arrive que ces derniers se retrouvent isolés au cœur d’un ensemble en pleine évolution, et incapables de répondre aux aspirations des nouveaux habitants. L’embourgeoisement d’un quartier rend caduque le pacte qui lie un garage autogéré aux habitants. S’il continue d’exister et si ses recettes augmentent même parfois sous l’effet de l’enrichissement des utilisateurs, la transmission des connaissances laisse place à un classique système de services. L’absence de marques ostentatoires fait quelque peu illusion mais, cache mal les nouvelles réalités. Le garage devient alors un « sympathique petit commerce » qui sera autorisé à rester à conditions de se plier aux nouveaux maîtres.

L’exemple des garages autogérés doit surtout nous rappeler que les projets d’autogestion reposent avant tout sur un pacte entre les porteurs du projet et l’ensemble des membres qui y participent. La frontière ténue qui sépare un membre passif d’un simple client est le fossoyeur de bien des projets d’autogestion appliqués à des solutions de remplacements au commerce. Le soutien de chacun est donc requis autour de toutes les initiatives capables de court-circuiter les systèmes traditionnels de marchandisation.

Nico (AL Paris Nord Est)

 
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