Ecole normale supérieure : Le prestige sur le dos des travailleurs, jusqu’à quand ?




Depuis fin octobre, l’Ecole normale supérieure de Paris, connue pour sa soi-disant excellence et la sélection (avant tout sociale...) de ses élèves et chercheurs, est le théâtre d’un mouvement social associant personnels et étudiant-e-s qui ne cesse de se renforcer.

Le 28 octobre, afin de permettre aux travailleurs précaires de la cantine de participer à la mobilisation sur les retraites, les étudiantes, étudiants et personnels mobilisé-e-s ont bloqué les cuisines du 45, rue d’Ulm et tenu un piquet de grève.
Grâce au blocage, nous avons parlé directement avec les salarié-e-s (en majorité ni syndiqué-e-s ni organisé-e-s) et mesuré le caractère inacceptable de leur situation, mais aussi leur colère et leur combativité. Lors de l’AG, les revendications ont émergé : titularisation des précaires, augmentation des salaires, accès facilité au logement et amélioration des conditions de travail.
Elles ont été portées à la direction par les salarié-e-s et étudiant-e-s uni-e-s réclamant l’ouverture de négociations immédiates. Face à son mépris et à son refus de nous reconnaître comme interlocuteurs légitimes, ainsi que de répondre à nos exigences, le mouvement s’est amplifié, et des salarié-e-s de tous les services nous ont rejoints. Depuis, les blocages des lieux de travail (cantine, bibliothèque, ateliers, bureaux etc) et les grèves se sont multipliés, décidés par des AG rassemblant de plus en plus, et très au-delà des cercles militants. Pour communiquer, un journal a été mis en place, avec témoignages des travailleurs et informations concrètes sur la lutte. Il connaît un grand succès.

Une répression absurde

Face à une occupation de l’entrée et de l’accès à ses bureaux, la directrice nous a menacé de sanctions et de poursuites judiciaires. Jusque là, sa seule réponse à la mobilisation aura été une répression absurde et disproportionnée : policiers en civil, embauche massive de vigiles, poses de chaînes, restrictions d’accès et fermetures administratives. S’abritant derrière des arguments juridiques spécieux, elle nous considère comme des agitateurs et exclut tout dialogue sérieux sur la base de nos revendications. Si elle accepte aujourd’hui de recevoir les mandaté-e-s de l’AG, elle continue à leur parler personnellement, utilisant tour à tour les aumônes et les menaces, afin de diviser les salarié-e-s selon leurs statuts ou services et de les monter contre les « étudiants manipulateurs ».
Pourtant la mobilisation continue, soutenue par les élu-e-s et militants syndicaux rencontré-e-s lors d’un grand rassemblement où a été décidée la tenue régulière d’AG interfacs pour étendre les luttes et les organiser à la base. C’est là que réside l’efficacité d’une mobilisation réunissant des gens de tous horizons, pour la plupart non politisés et méfiants vis à vis de syndicats considérés comme indifférents à leurs difficultés, voire « vendus ». L’autogestion a favorisé la radicalisation du mouvement et sa cohésion, permettant des actions de blocage de l’économie à l’échelle de l’ENS, démocratiquement adoptées et accomplies.
De façon générale, les salarié-e-s et étudiant-e-s ont relevé la tête et osé s’opposer à la direction, conscient-e-s des risques mais se sachant soutenu-e-s par un collectif uni qui se développe encore, et constitue une première victoire face à l’isolement et la dépolitisation. C’est cette unité et cette détermination qui nous font espérer des avancées concrètes, qui devront être arrachées à une direction autiste, en intensifiant le rapport de force.

Guillaume et Laure, Sud-Etudiant ENS41

 
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