Irlande : Combativité contre austérité




Le 3 novembre, environ 30 000 personnes ont pris les rues de Dublin contre la hausse des frais d’inscription dans les universités.

En Irlande, les étudiants n’ont pas à payer l’intégralité de leurs frais d’inscription, le gouvernement subventionnant largement l’enseignement supérieur. Mais entre 2008 et 2010, leur part est passée de 900 à 1500 euros par an. L’endettement record du pays, et l’échec à maîtriser la crise, ont poussé le gouvernement à économiser sur le dos du système éducatif. Fianna Fail – le parti au pouvoir – a proposé d’augmenter les droits d’inscription à 3 000 euros par an.
Cette fois-ci, cependant, le gouvernement et les législateurs ont dû faire face à la protestation des étudiantes et des étudiants.

La manifestation du 3 novembre a surpris par son ampleur : avec des dizaines de milliers de participants venus de toutes les universités du pays, il s’agit d’une des plus grandes manifestations étudiantes de l’histoire de l’Irlande.

Quelques 2 000 personnes ont quitté le cortège pour manifester devant le ministère des Finances, où une trentaine d’étudiants et d’étudiantes ont réussi à s’introduire, pour occuper symboliquement l’entrée. Ce à quoi la police a répondu en mobilisant tout l’éventail de leurs unités répressives, de l’anti-émeutes à l’unité canine... Des confrontations violentes ont eu lieu, des manifestants ont été arrêtés ou envoyés à l’hôpital.

Malgré tout, le 3 novembre a été une victoire pour ceux et celles qui subissent les effets de la politique d’austérité du gouvernement.
Dans la tourmente financière actuelle, si le gouvernement a renoncé à augmenter les frais d’inscription, il est peu probable qu’il abandonne toute velléité de coupes sèches dans le budget de l’enseignement supérieur.

Faire payer les pauvres

Les effets de ces coupes se feront sentir sur les étudiants, mais aussi sur leur famille, et notamment les plus populaires. L’accès à l’enseignement supérieur deviendra de plus en plus difficile, dans un pays où la proportion de diplômé-e-s du secondaire issus de certains quartiers populaires est déjà faible. [1]

Bien sûr, tout cela fait partie d’un projet plus global ayant pour objectif de faire payer à ceux et celles qui produisent les richesses les conséquences d’une crise provoquée par les banquiers et les politiciens. Le déficit record de 32 % du PIB est largement dû aux 50 milliards que l’État a injecté dans les banques, pour leur éviter la faillite. Pour répondre aux exigences de l’Union européenne et à celles des marchés financiers, l’Irlande doit adopter un plan d’austérité supporté par les travailleurs : baisse des prestations sociales, des effectifs de la fonction publique et des salaires des fonctionnaires ; extension de l’impôt sur le revenu aux plus modestes. En revanche, le gouvernement ne touchera pas à l’impôt sur les sociétés, pourtant l’un des plus bas d’Europe.
Ce plan est un préalable à l’« aide » apportée par le FMI et l’Union européenne, qui voient là une occasion d’imposer à nouveau des reculs sociaux au profit du capital.

Julian (WSM) et Vincent (AL Paris-Sud)

[1Autour de 10 %, contre... presque 100 % dans certains quartiers très favorisés.

 
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