Services publics

Seine-Saint-Denis : La bataille pour l’eau




La communauté d’agglomération Est-Ensemble compte plus de 400 000 habitantes et habitants. Actuellement, une bataille oppose la population déterminée à obtenir une gestion publique de l’eau à quelques caciques prêts à se (re)vendre à Veolia.

La communauté d’agglomération Est-Ensemble [1], communauté d’agglomération de Seine-Saint-Denis créée début 2010, est compétente concernant la gestion de l’eau, auparavant assurée par les communes. Une question se pose : faut-il ré-adhérer au Syndicat des Eaux d’Île-de-France (Sédif), vendu à Veolia ou ses ancêtres depuis 1923 ? Ou travailler sur d’autres solutions, notamment une gestion publique d’un bien essentiel ?

Veolia nous pompe !

La plupart des membres du conseil communautaire n’avaient pas l’intention de se compliquer la vie et comptaient re-signer discrètement avec le Sédif, donc avec Veolia. Or de nombreuses études le démontrent : Veolia surfacture l’eau. Le Sédif facture actuellement 1,74 euros le m3, un des prix les plus élevés de France. Ce racket de Veolia représente plusieurs centaines d’euros par an et par foyer. Les Parisiennes et les parisiens, repassés en régie publique il y a quelques années, le payent 1,04 euros ! L’extorsion est si flagrante que Veolia a promis de ramener le prix à 1,51 euros, dans le cadre de la renégociation de la délégation de service public.

Cette promesse a suffi pour que le Sédif signe à nouveau les yeux fermés pour douze ans… alors que les tarifs vont être révisables tous les trimestres, permettant à Veolia de revenir aux prix actuels, voire plus, très rapidement.

Résistance locale

Plusieurs associations, réseaux et organisations politiques (du Parti de Gauche et des Verts jusqu’à Alternative libertaire) ne l’ont pas entendu ainsi. La mobilisation s’est organisée sur trois axes.
Le premier est l’information de la population. Une pétition a recueilli des milliers de signatures ; des réunions publiques ont eu lieu (Bondy, Romainville, Bobigny…).

Le second consiste à interpeller les élus communautaires (majoritairement PS) pour qu’ils prennent position. Certains sont mal à l’aise ! Ainsi, Gilbert Roger, maire de Bondy, explique qu’il est pour une gestion publique, mais plus tard et qu’il faut absolument signer avec Veolia. Or les conditions de sortie du Sédif sont tellement délirantes que re-signer signifie en prendre pour 12 ans. Même des élu-e-s de sa propre majorité dénoncent sa mauvaise foi.

Le troisième axe est la mobilisation de rue, autour d’actions symboliques ou de rassemblements. Le plus récent, le 23 novembre, a eu lieu à l’occasion du vote concernant la convention avec le Sédif. Les manifestantes et manifestants ont réussi à empêcher la tenue du conseil et du vote ! Même dans le cadre de la démocratie bourgeoise, les informations tronquées, partiales et malhonnêtes fournies au conseil montraient une volonté de passage en force.

Cette annulation est une victoire importante. Mais Bertrand Kern, président d’Est-Ensemble et chaud partisan de la ré-adhésion au Sédif a tout intérêt à gagner du temps pour ensuite prétendre qu’il n’y a plus d’autre choix. Pourtant la Coordination Eau Île-de-France [2] propose des scénarios alternatifs très sérieux. Tout d’abord, il n’y a pas de risque réel d’interruption du service de fourniture d’eau : le préfet peut prendre un acte de réquisition pour obliger Veolia à fournir de l’eau, même en l’absence de convention. Ensuite, un partenariat avec Eau de Paris est envisageable et crédible. Il faudrait environ deux ans pour le mettre en œuvre techniquement.

La lutte continue.

Gestion publique ou service socialisé ?

Alternative libertaire Seine-Saint-Denis soutient la revendication d’une gestion publique de l’eau. Ce sera incontestablement un progrès pour les habitants d’Est-Ensemble, tant au niveau du coût, de la qualité de l’eau que du contrôle démocratique. Néanmoins, nous ne nous faisons aucune illusion sur les « services publics » à la sauce municipale ou communautaire : nous revendiquons un service socialisé de l’eau, autogéré par les travailleuses et les travailleurs avec la participation active de tous les citoyens. L’eau est une affaire trop sérieuse pour être laissée à des capitalistes ou des professionnel-le-s de la politique.

Scapin (AL Seine-Saint-Denis), le 26 novembre 2010

[1Voir http://alter-agglo93.blogspot.com, qui propose une autre vision de l’intercommunalité.

 
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