Ecouter : Liberté pour les prisonniers de Villiers-le-Bel




Le 25 novembre 2007, Lakhamy Samoura et Moushin Sehhouli, deux adolescents de Villiers-le-Bel, décèdent suite à la collision de leur moto avec une voiture de police. Plusieurs nuits de révoltes éclatent et des dizaines de policiers sont blessés. La répression est implacable. Trois séries de procès ont lieu et les condamnations pleuvent. Abderrahmane et Adama Kamara sont incarcérés depuis février 2008.

Condamnés sans preuves et essentiellement sur la base de témoignages anonymes rémunérés, en 2010, puis en appel en 2011, à des peines de quinze et douze ans de prison, Abderrahmane et Adama Kamara ont fait les frais d’un procès pour l’exemple. À l’inverse, tous les procès où les actes des flics ou des matons sont mis en cause aboutissent à des non-lieux, des acquittements ou des peines dérisoires. Le tribunal de grande instance de Pontoise l’a confirmé le 13 septembre dernier, en « condamnant » Franck Viallet [1], le conducteur du véhicule de police responsable de la mort de Lakhamy et Moushin, à six mois de prison avec sursis pour « homicides involontaires ». Il était pourtant en excès de vitesse et en phase d’accélération au moment de l’impact.

Depuis plusieurs années maintenant, des initiatives de solidarité se montent pour soutenir les prisonniers et pour que cette vengeance d’État [2] ne tombe pas dans l’oubli. La compilation rap « Liberté pour les prisonniers de Villiers-le-Bel », dont les bénéfices sont reversés à la famille des frères Kamara, s’inscrit dans ce mouvement de soutien. Coproduite par le label de rap indépendant Bboykonsian, on y retrouve des titres de Première ligne, B-James, Kommando toxik, Dangereux dinosaures ou encore Fik’s et Pkaer. Le ton est donné dès le morceau d’introduction signé Akye, DJ du groupe Première ligne, qui retrace l’enchaînement des faits, depuis la mort de Lakhamy et Moushin jusqu’aux condamnations en passant par les vagues d’arrestations. Dans des tonalités sombres et révoltées, les morceaux se succèdent pour traduire en musique la rage qui s’exprime dans tous les quartiers de France, le rouleau compresseur de la justice, la haine de la police.

Collectif Angles morts

• Compilation 18 titres, coproduite par Bboykonsian et le collectif Angles morts. Disponible en cd et en digital sur bboykonsian.bandcamp.com

[1Pour en savoir plus sur le procès de Franck Viallet, voir Collectif Angles morts, « Aveugle, sourd et muet. Retour sur le procès du flic responsable de la mort de Lakhamy et Moshin », contrelenfermement.noblogs.org

[2Collectif Angles morts, Vengeance d’État : Villiers-le-Bel, des révoltes aux procès, éditions Syllepse, 2011.

 
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