Société : Le mariage pour personne




Le mariage va être ouvert aux couples homosexuels. Il faut défendre l’égalité des droits. Mais les revendications devraient porter sur la suppression de cette institution de contrôle et défendre la généralisation de droits attachés aux individus en dehors de toute considération de leur vie affective et/ou sexuelle.

Le mariage, union traditionnelle d’un homme et d’une femme pour procréer et régler les questions d’héritage, va être ouvert en France aux couples de même sexe. Après certains pays, avant d’autres. Les arguments en faveur de ce changement sont essentiellement liés à la parentalité (et les opposants ne s’y trompent pas) : reconnaissance d’un deuxième parent, droit à l’adoption de couple, droit à la procréation médicalement assistée (PMA) pour les femmes. Cette modification est aussi rendue nécessaire par une revendication d’égalité. Mais de quelle égalité s’agit-il ?

Le mariage du couple, c’est la reconnaissance de son amour par le monde entier et en particulier par l’État. Pour l’autoriser, des fonctionnaires et des élu-e-s étroits d’esprit peuvent vérifier les couples à composante étrangère ou qui leur paraissent bizarres et éventuellement pourrir leur amour. Ne pas faire reconnaître sa vie privée par l’État, c’est lui ôter les moyens de la contrôler.

Le mariage sert à quoi d’autre ? Réduire ses impôts s’il y a déséquilibre de revenus ; affirmer qu’on n’est plus « disponible », le port d’un anneau affichant cette indisponibilité ; voir ses allocations réduites pour cause de conjoint…

Le mariage hétéro, ça sert aussi à ce que l’homme dispose d’une employée de maison bon marché (pourquoi les robes de mariées sont-elles blanches ? pour être assorties à la machine à laver et à la cuisinière) et à ce que la femme ait un propriétaire dûment reconnu par l’État et le monde…
Le mariage est une institution patriarcale et de contrôle et réclamer son extension ne devrait en aucun cas être l’une de nos revendications. La réalité étant ce qu’elle est, soutenir le mariage pour toutes et tous est comme soutenir le droit de vote des immigré-e-s : une revendication minimum d’égalité parallèle à des revendications contradictoires et plus fondamentales.

Rompre avec l’ordre patriarcal

Ce qui est nécessaire, c’est l’abolition du mariage. Après avoir obtenu la reconnaissance de la parentalité des gens qui aiment un enfant et s’entendent autour de lui (ce qui aiderait les beaux-parents éjectés des vies de couple hétéro) ; le droit à l’adoption pour les associations parentales variées ; le droit à la PMA aux femmes sans tenir compte de leur statut affectif (pour la GPA, gestation pour autrui, il conviendra d’attendre qu’une chirurgienne française porte pour un couple d’homos soudanais pour envisager que ce ne soit pas de l’exploitation économique).

Il faut aussi obtenir un statut économique individuel des personnes, où les choix de vie affective n’aient pas d’influence sur le montant des impôts dus ou des allocations perçues ; inventer des solutions pour la conservation des logements loués ou achetés en cas de décès d’un occupant, et pour tous les problèmes de la vie que le mariage permet de résoudre. Ce serait l’occasion de s’interroger sur l’héritage aussi.

Alors il nous faut soutenir un plan en trois étapes :
 soutenir le mariage pour tous les couples qui le souhaitent contre tous les réacs ;
 obtenir la satisfaction des revendications énumérées ci-dessus ;
 obtenir l’abolition du mariage vidé de son intérêt.

Christine (AL Orne)

 
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