Communiqué UCL

Hanau, l’extrême-droite, la haine et la mort




Dans la même logique que les attentats djihadistes, ceux de l’extrême-droite néonazie cherchent à diviser et à communautariser la société allemande, pour installer la suspicion entre les différentes cultures. Mais ils peuvent également provoquer la réaction inverse : une solidarité antiraciste contre la barbarie.

Mercredi 19 février à Hanau en Allemagne, 9 personnes ont été assassinées par l’extrême-droite. L’Union communiste libertaire tient avant tout à apporter son soutien aux proches et aux victimes de ces terribles attaques. Nous voulons également affirmer que la responsabilité de ces attaques ne sauraient se limiter à celle d’un seul homme. Elle relève de tout un système politique, social et économique qui légitime la haine des autres et pousse les auteurs de violences à passer à l’acte.

Même si l’on ne connaît pas encore tous les détails sordides des deux attentats qui ont visé des bars à chicha, la majorité des sources tendent vers les motivations racistes et islamophobes du principal suspect. Son manifeste vidéo mêle conspirationnisme et racisme, appel au meurtre et à l’épuration ethnique pour protéger la pureté de la race allemande.

Soixante-quinze ans après la chute du régime nazi, la peste brune veut de nouveau imposer sa terreur, aidé par le libéralisme effréné, la xénophobie motivée par l’électoralisme, et les grands médias qui se font le relais des théories racistes : au lendemain de l’attaque terroriste France Info donnait ainsi la parole pendant 25 minutes à Nicolas Bay, eurodéputé Rassemblement national et théoricien du grand remplacement.

En Allemagne, les épisodes inquiétants se succèdent. Deux semaines après qu’un libéral se soit fait élire avec les voix du parti d’extrême-droite Alternative für Deutschland (AfD), une première depuis la fin du IIIe Reich, et moins de cinq mois après l’attentat de Halle et la vague d’arrestation de militants d’extrême-droite envisageant des attentats antimusulmans, la résurgence des violences fascistes ne fait plus aucun doute et montre l’incapacité des démocraties libérales à l’endiguer, quand elles ne l’alimentent pas.

Manifestation contre le racisme et le fascisme à Hanau, le 22 février. Dans le fond, des drapeaux du Kurdistan syrien.
cc Patrick Scheiber

En France, les notables de l’extrême-droite, Le Pen et Philippot en tête, se sont empressés de dénoncer ces attaques suivis de près par les libéraux. Pourtant, ce sont bien ces pyromanes qui soufflent sur les braises de la xénophobie et du racisme en permanence. Ce sont bien ces escrocs qui nous serinent à longueur d’ondes que l’« invasion migratoire » est en cours.

Macron, dont l’impopularité est manifeste depuis le premier jour de son élection et qui affiche une bienveillance alarmante à l’égard de l’extrême-droite, s’inspire de son discours et de son vocabulaire : réhabilitation de Pétain, interview dans Valeurs actuelles, utilisation de la rhétorique maurrasienne opposant le « pays légal » au « pays réel » pour légitimer son plan de lutte contre le « séparatisme islamiste », etc.

Cette tragédie n’était pas inévitable, elle n’est pas le fait d’une population immigrée, elle n’est pas due à un manque de contrôle de l’État policier ni à un « loup solitaire » : elle prend racine dans les violences imposées par les systèmes capitaliste, postcolonial, patriarcal et raciste.

  • Contre la terreur fasciste : solidarité, entraide et autogestion !
  • Gegen den Faschismus, Internationale Solidarität !

Union communiste libertaire, le 23 février 2020

 
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