Marche ExistransInter : Mutilées, expulsées, assassinées !




Actif depuis plus de 20 ans, le collectif Existrans organise une marche donnant plus de visibilité aux personnes intersexes (personnes nées avec des caractéristiques sexuelles qui ne correspondent pas aux définitions binaires typiques du masculin ou du féminin).

Depuis 1997, le Collectif Existrans organise la marche revendicative Existrans, qui a lieu chaque année à Paris. Depuis 2007, les associations des personnes trans et intersexes se sont réunies et ont uni leurs revendications pour cette marche appelant les personnes trans, intersexes et leurs allié⋅es à se mobiliser. Cette 23e édition marque un nouveau tournant dans cette alliance, avec l’évolution du nom de la marche devenue la marche ExistransInter pour donner plus de visibilité aux personnes intersexes.

Une 23e marche sous le signe de la convergence

Cette année, l’autodétermination, l’accès à la parentalité pour tous et toutes, la régularisation des personnes migrantes et la dénonciation des mutilations subies par les personnes intersexes ont été au cœur des revendications. La lutte est portée par un cadre unitaire, croisant militantisme associatif et politique.

Pour ce rendez-vous essentiel de la lutte antipatriarcale, plus d’un millier de personnes ont défilé dans le nord de Paris, de la place de la République jusqu’à la Place Pigalle le 19 octobre dernier. Le même jour, avait lieu trois autres rassemblements importants à Paris  : le soutien au Rojava contre les attaques de l’État turc, la dénonciation de l’offensive islamophobe en France et la mobilisation contre les féminicides. Cet effet de dispersion s’est révélé être une force  : les militantes et militants se sont mobilisés ensemble sur toutes les causes dans une ambiance d’unité.

Les récentes mobilisations des personnes trans et intersexes ont été marquées par la circulaire de février 2017 sur le changement de prénom. Si celle-ci constitue une certaine avancée dans la mesure où cette procédure est déjudiciarisée, elle transfère aux officiers d’état-civil une part d’arbitraire dans l’appréciation de «  l’intérêt légitime  » des personnes trans à obtenir gain de cause. Par ailleurs, le changement d’état-civil, bien que démédicalisé en théorie par la loi «  justice du XXIe siècle  », reste une procédure judiciaire. Cette nouvelle législation ne satisfait pas la revendication d’une procédure libre et gratuite en mairie.

Pour 2019, les personnes trans, intersexes et leurs allié⋅es ont appelé à soutenir l’accès aux droits au séjour des personnes trans migrantes, l’accès à la PMA aux personnes trans. Ils et elles dénoncent la mutilation des personnes intersexes, les lois ­racistes sur l’immigration qui ­emprisonnent, expulsent les personnes trans et intersexes demandeuses d’asiles et limitent tout recours.

L’État au service des réacs

Les personnes trans, encore plus lorsqu’elles sont migrantes, sont confrontées à de véritables entraves pour accéder aux traitements médicaux, notamment hormonaux et chirurgicaux, nécessaires à leur parcours, ou encore pour procéder à un changement d’état-civil et se voir délivrer des papiers d’identité conforme au genre qui est le leur.

L’éviction dans la loi passée en septembre dernier des personnes trans de la PMA, et les mesures en demi-teinte du gouvernement pour les personnes trans reflètent l’influence et la pression du camp de la bourgeoisie réactionnaire. Le camp réactionnaire, représenté entre autres par la Manif pour tous (ou Marchons enfants), cible de manière explicite les personnes trans. Que les dirigeants de l’État envoient des signaux aussi complaisants aux réactionnaires ne peut qu’encourager les actes homophobes ou transphobes.

Cette transphobie d’État relaie et renforce la transphobie patriarcale, qui perpétue l’idée qu’être homme ou femme est un fait de nature et non une construction sociale structurée par des rapports d’oppression. Cette transphobie ambiante engendre une situation de grande précarité pour les personnes trans, qui ont beaucoup de difficultés à trouver un travail ou à avoir accès à la santé. Par ailleurs, les violences subies par les personnes trans sont multiples  : dans la rue, au travail, dans la famille, le couple, par la police, dans les prisons, etc.

Lutter contre la transphobie

Les luttes pour des mesures législatives concrètes, comme un changement d’état-civil simplifié ou une meilleure prise en compte par les médecins, doivent être soutenues et aboutir. Mais ces revendications seules sont insuffisantes  : il est capital de lutter contre l’ensemble du système patriarcal, pour en finir avec toutes les oppressions et violences qui en découlent  : sexisme, homophobie et transphobie. Ce système de domination et d’exclusion renforce la précarité et les violences générées par toutes les formes d’exploitation et d’oppression qui traversent la société (exploitation capitaliste, racisme, etc.).

Seules les luttes auto-organisées et l’autogestion nous permettront de sortir de tels systèmes dont profitent celles et ceux qui ont intérêt à les préserver. Une telle auto-organisation ne peut être réellement effective qu’à condition que les personnes concernées puissent dès maintenant prendre pleinement leur place dans les organisations militantes de leur choix et dans les luttes.

Louise (UCL Saint-Denis)


On ne veut plus compter nos mort•es !

Le 20 novembre prochain aura lieu la Journée du souvenir trans, ou Trans Day of Remembrance (TDOR), comme tous les ans dans le monde depuis 21 ans.
Depuis 1998, cette journée est dédiée à la mémoire de Rita Hester, d’abord aux États-Unis puis progressivement dans le monde entier, ainsi qu’à la mémoire de toutes les personnes trans tuées ou poussées au suicide dans le monde.

Selon l’association Transgender Europe, qui publie tous les ans, à l’occasion de cette journée, un document (Trans Murder Monitoring) recensant tous les cas de meurtres transphobes répertoriés par la police et les médias, ce sont pas moins de 2 609 cas qui sont recensés dans le monde depuis 2008, dont 325 rien qu’en 2017.

Chaque année dans le monde, des centaines de personnes sont assassinées ou poussées au suicide en raison de leur simple identité de genre. Une expression de la société patriarcale qui assigne à outrance des règles bien précises concernant la manière dont nous devons nous comporter, quitte à nous tuer s’il le faut.
Aucune raison ne saurait justifier de tels actes. Et au-delà des noms recensés, combien d’autres oublions-nous ?

En tant que personnes trans, nous subissons à ce titre les politiques sexistes des États qui conduisent des individus à s’octroyer le droit de vie ou de mort sur nous. Il est temps que cela cesse  ! Le 20 novembre, rendons hommage à nos camarades, amies, compagnonnes, mortes pour avoir simplement revendiqué le droit à l’existence.

Louise (UCL Lyon)

 
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