Écologie

Poitou : La guerre des mégabassines fait rage




Avec le réchauffement climatique et l’assèchement des terres, l’eau devient une ressource stratégique de plus en plus convoitée. Autour du marais poitevin, une bataille oppose depuis plusieurs années un collectif citoyen à des acteurs de l’agriculture productiviste autour d’un projet de stockage d’eau en surface.

Les réserves de substitution, plus communément appelées «  bassines  », sont de grands bassins artificiels qui sont remplis en pompant l’eau des nappes souterraines en hiver dans le but de l’utiliser en été, quand l’eau manque, pour irriguer les cultures. Les premières d’entre elles ont été construites en Charente-Maritime et en Vendée à la fin des années 2000, à titre expérimental. Suite à des résultats jugés concluants par les promoteurs eux-mêmes, un nouveau projet de 19 bassines a démarré dans le département des Deux-Sèvres en 2017. Une quarantaine devraient également voir le jour dans la Vienne à l’horizon 2022. Mais ces bassines posent de très nombreux problèmes.

Les bénéficiaires des bassines sont des acteurs de l’agro-industrie pratiquant la monoculture du maïs, une céréale nécessitant beaucoup d’eau mais dont les taux de rendement et de profit sont très élevés. Le maïs est ensuite exporté à l’étranger pour nourrir les animaux d’élevages industriels. Il ne s’agit donc pas de sauver une agriculture paysanne nourrissant les populations locales.

Cette agriculture productiviste est néfaste à l’environnement car le pompage massif d’eau en hiver fragilise les nappes et contribue finalement à l’asséchement des sols, des cours d’eau et des zones humides, mettant en péril de nombreux écosystèmes. C’est un cercle vicieux dont il faut sortir en remettant en question tout le modèle agricole.

De plus ces bassines bénéficient d’un important financement public (environ 70 %) alors qu’elles ont pour but de garantir les profits d’une poignée de grands exploitants. Les petits producteurs qui privilégient des cultures adaptées aux régions et une agriculture respectueuse de l’environnement ne peuvent que rêver d’un tel soutien financier...

La résistance s’organise

Face à cet accaparement de l’eau et ces projets écocides, un mouvement de résistance a vu le jour en 2017 avec la création du collectif citoyen «  Bassines Non Merci  ». Soutenu par de nombreuses associations, syndicats et organisations politiques, ce collectif mène la bataille sur le front juridique et médiatique. Le 11 octobre dernier, ce sont plus de 2 500 personnes qui ont manifesté à Épannes en opposition aux bassines.

La mobilisation semble porter ses fruits puisque le conseil régional de la Nouvelle-Aquitaine, initialement favorable aux bassines, a voté le 4 décembre dernier contre le financement des bassines. Il ne faut cependant pas crier victoire car l’État, allié infaillible des capitalistes, semble déjà prendre le relai pour assurer le financement de ce projet massivement contesté par la population et les élus locaux. La lutte continue donc pour un autre modèle d’agriculture et une gestion collective de l’eau, un combat crucial pour notre avenir.

Benjamin (UCL Poitiers)

 
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