Culture

Cinéma : La Commune, Paris, 1871




S’il est bien un cinéma autant militant qu’expérimental, emblématique de la génération 68, c’est celui de Peter Watkins (avec bien sûr Chris Marker) : loin de tout réalisme, y compris «  social  », travaillant la forme cinématographique elle-même, ses films déploient des structures narratives complexes, où se brouillent repères d’époques et se mêlent formes et genres, notamment le documentaire et la fiction.

Après quinze films dont La Bombe (1966), Les Gladiateurs (1969), Punishment Park (1971), Edvard Munch, La Danse de la vie (1973), Le Libre penseur (1994), le réalisateur remet le couvert au cours de l’été 1999 à Montreuil dans les anciens studios de Georges Méliès, devenus les locaux de la compagnie d’Armand Gatti, La Parole errante.

Près de 200 comédiens et comédiennes, non-pros pour la majorité, vont se lancer dans ce projet fou qui donnera lieu à un film hors norme  : d’une durée initiale d’un peu moins de six heures (réduite de moitié pour la version salle), il n’est pas une reconstitution historique. Son propos reprend, au pied de la lettre, la célèbre chanson : la Commune n’est pas morte.

Et l’anachronisme apparent, ici mis en scène par la présence des médias d’aujourd’hui, télé et radio, pendant les journées de l’insurrection, autant que la façon dont la distribution fut organisée (communardes et versaillaises y jouent leur propre camp, Watkins ayant recruté tant chez les gauchistes que parmi le lectorat du Figaro – ce qui donnait des ambiances parfois très tendues pendant les pauses-repas…) ne cessent de travailler, dans le bruit et la fureur de l’instant révolutionnaire, mais aussi par de magnifiques moments de paroles singulières, cette tension d’un ici et maintenant où se jouent l’assaut du ciel, pas moins, et la perspective d’une vie intense et libre – pas moins. Un chef d’œuvre.

Pim Paoum

  • Peter Watkins, La Commune, Paris, 1871, DVD et disponible en ligne gratuitement et en VOD, 345 minutes, 2000.
 
☰ Accès rapide
Retour en haut