Antipatriarcat

Santé : L’endométriose, la souffrance sous silence




Alors que les tabous et l’instrumentalisation patriarcale autour des règles et de la sexualisation féminine persistent, on estime qu’une femme sur dix souffre d’endométriose. Cette maladie peut provoquer des douleurs quelquefois invalidantes et des problèmes d’infertilité.

Il est souvent considéré comme «  normal  » qu’une femme souffre durant ses règles. Ainsi socialement acceptée, cette douleur est minimisée, ce qui entrave la recherche sur l’endométriose.

C’est une pathologie aux manifestations diverses  : des douleurs invalidantes et continues aux malaises et troubles digestifs, qui requiert des dispositifs de diagnostic et des traitements lourds (chirurgie et IRM). Cette maladie se caractérise par une présence anormale de tissu utérin hors des cavités utérines.

D’autres pathologies (syndrome du côlon irritable) peuvent y être associées, car les tissus migrants endommagent différents organes. Les causes et les expressions de la maladie sont multiples  : il y a autant d’endométrioses que de personnes atteintes. Contrairement aux idées reçues, l’endométriose n’est pas nouvelle. Découverte durant l’antiquité, elle est reconnue depuis la fin du XIXe siècle.

Pourtant la recherche sur son diagnostic et traitement reste récente et engourdie. La normalisation des douleurs liées aux menstruations (donc leur invisibilisation) et la méconnaissance de l’endométriose causent des retards de diagnostic de huit ans en moyenne.

Dans une société patriarcale, ce désintérêt du corps médical s’explique  : particulièrement lorsqu’elle touche à la sphère gynécologique, la douleur des femmes ne fait pas l’objet de recherches approfondies, car elles y seraient sujette par nature. Au lieu de soigner leurs corps et leurs esprits, les malades sont psychiatrisées et renvoyées à leur statut assigné de femme. On théorise l’endométriose comme on le faisait hier pour l’hystérie.

Un parcours médical de la combattante

Ces croyances profondément sexistes mènent à des réalités dures pour les femmes et les hommes trans qui se voient poussés dans des années d’errance médicale  : négation des douleurs, humiliations ou violences dans les cabinets médicaux, et cela même lorsque la maladie est diagnostiquée.

De plus, les traitements et les prises en charge de cette maladie sont majoritairement liées à la fertilité, oubliant les autres symptômes possibles. Décidément la question de la santé des femmes n’intéresse pas en dehors de leur capacité à procréer. Une façon de les renvoyer continuellement à leur rôle de mère. Le manque de formation des médecins au diagnostic de l’endométriose conduit certain⋅es d’entre eux et elles à privilégier une médication à base de puissants anti-douleurs, d’hormones, voire d’antidépresseurs sans jamais s’intéresser à la base du problème.

Il s’agit de faire taire les symptômes plutôt que de guérir la maladie.
Atteintes de douleurs handicapantes mais non reconnues comme telles par les institutions, les personnes qui souffrent de cette maladie peinent à s’adapter aux critères de la machine marché du travail. Au sexisme lié à l’endométriose s’ajoute le validisme, qui pousse les personnes atteintes à une précarité sociale et économique. Si les hommes qui nous gouvernent, nous embauchent et nous soignent souffraient d’endométriose, cela ferait longtemps que nous aurions des congés menstruels, et que notre maladie serait reconnue comme telle.

Luz (UCL Toulouse et Alentours)

 
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