Amnistie sociale : Laisser Louise Michel crever au bagne




Loi d’amnistie et la grâce présidentielle sont deux curiosités juridiques françaises, pays où les rapports de forces politiques peuvent déjouer les strictes décisions d’(in)justice. Pour l’amnistie des communards, Victor Hugo pris la tête de la première campagne d’opinion. Encore une exception culturelle  !

L’amnistie des militantes et des militants syndicalistes (à commencer par la réintégration des milliers de délégué-e-s licenciés sans avoir jamais défié aucune des lois de la République) fut un thème en lui-même de la campagne électorale de 81, une revendication fortement exprimée par la CGT en particulier. Mitterrand répondit partiellement à la demande après son élection (jusqu’à amnistier les derniers putchistes de l’OAS mais ça personne ne lui avait demandé…).

Ni pendant la campagne 2012, ni après l’élection de Hollande cette question n’a été réellement posée par le mouvement social. Ce qui révèle sans doute tout à la fois son réel affaiblissement mais aussi la coupure avec un PS dont la victoire n’est plus considéré comme la victoire de ceux qui luttent. C’est donc le PCF, jouant sur le rôle clé de son groupe d’élus au Sénat, où le PS n’est pas majoritaire tout seul, qui va relancer un projet d’amnistie, modeste. La négociation avec le groupe PS dénature encore plus profondément le projet. Mais il en sort tout de même un projet de loi dont le PCF et le Front de Gauche pourront se prévaloir vis-à-vis des mouvements sociaux. Un petit signe d’amitié des sénateurs socialistes qui préparent aussi leurs municipales…

Amnistie version light

Sont exclus de l’amnistie les faits les plus lourdement condamnés, les «  atteintes aux personnes  » et les champs revendicatifs suivants  : agriculture, école, sans-papiers, santé, recherche (faucheurs volontaires), anti-nuke, anti pub, NDDL…
Même dans cette version light le gouvernement fit rapidement savoir qu’il s’opposerait à toute amnistie en prenant appui sur les récents débordements des manifs homophobes. Le groupe des députés PS s’aligne et le projet tombe lors du débat à l’Assemblé nationale. Dehors à peine 500 militantes et militants ont fait le déplacement pour soutenir un projet creux et voué à l’échec.

Faire peur aux militants

En réalité en pleine montée de la violence capitaliste, à la veille de nouvelles vagues de licenciements et de fermetures d’entreprises, à la veille de nouvelles régressions sociales dans les entreprises en application de l’Accord national interprofessionnels (baisse de salaires et augmentations du temps de travail «  pour deux ans  »), à la veille de nouvelles expulsions de bidonvilles, à la veille de nouvelles remises en cause des droits de chômeurs et du droit à la retraite, le gouvernement PS/Verts veut faire peur aux militants, aux travailleurs dont la colère finira forcément par exploser. Avec Valls qui peaufine son image de présidentiable et dont la matraque est la seule chance du PS pour éviter un retour de la droite au pouvoir. Pour la solidarité avec les condamnés il faudra la jouer entre nous. D’ores et déjà la constitution de collectifs unitaires locaux (Lille, Metz, Alès…) donnent la voie à suivre.
Hollande en premier flic du capitalisme  ? Il aurait lui aussi fait assassiner Rosa Luxembourg  !

Jean-Yves (AL Seine-Saint-Denis)

 
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