Usine de méthanisation : Le tri mécano-biologique passe à la trappe




La mobilisation des riverains contre le projet d’usine de méthanisation de Romainville débouche sur l’annulation par le tribunal administratif de l’autorisation délivrée par le préfet. Les élus PS doivent revoir totalement leur copie.

Le projet d’usine de tri des déchets ménagers et de méthanisation à Romainville comporte nombre d’aspects controversés  [1] : d’abord, le «  tri  » mécano-biologique (TMB) est pervers car il consiste dans le mixage de tous les déchets ménagers mouillés, broyés, chauffés, séchés et seulement à ce stade séparés produisant un compost dont la qualité est parfaitement douteuse. Seules les matières putrescibles sont ensuite récupérées pour l’opération de méthanisation (transformation des déchets alimentaires et végétaux en gaz) dont l’intérêt n’est contesté par personne. Les dimensions de l’usine envisagée, les failles dans les études d’impact (odeurs, camionnage…) et l’insuffisance des études de dangerosité en milieu fortement urbanisé sont d’autres points noirs du projet.

La mobilisation organisée par l’association Arivem  [2] a contraint in extremis l’entreprise privée Urbaser et le syndicat intercommunal Syctom (qui couvre l’Est parisien et une partie de la banlieue est) à prolonger la période de consultation de la population.

Annulation administrative

Cette période et les débats publics ont permis de mieux informer la population des risques réels et de peser sur les élus locaux qui se sont progressivement désolidarisés du projet. Ce qui obligea la communauté de commune Est Ensemble à rétropédaler. Le Syctom finira par voter un projet, à peine allégé, qui ne réglait rien sur le fond. Or, l’autorisation par le préfet de la réalisation de cette unité vient d’être pulvérisée par le tribunal administratif (TA) de Montreuil. Le TA motive sa décision sur «  les inexactitudes, omissions ou insuffisances de l’étude de danger  »…

Les élus PS majoritaires au Syctom et Est Ensemble sont bien embêtés. Feront-ils appel de la décision (délicat à la veille des municipales  !) ou vont-ils reprendre le projet à zéro  ? C’est la seconde décision qui serait la bonne. En commençant par abandonner le TMB et reprenant les études sur le tri à la source  : à Forbach, des sacs de couleurs différentes permettent un tri à la source  ; un ramassage unique épargne les camionnages séparés  ; les sacs sont triés par lecture optique dans l’usine où ont lieu la récupération des matériaux recyclables et la méthanisation.

Pour un nouveau projet public, local et maîtrisé

Le nouveau projet, au demeurant indispensable, car l’enfouissement n’est pas une solution écologiquement durable, devrait s’appuyer sur quelques principes clairs  :

1) La gestion et la «  valorisation  » – nous dirions «  réutilisation  » – des déchets doivent relever du service public.

2) Si la banlieue a vocation à traiter ses propres déchets, les Parisiens (qui président le Syctom) doivent traiter les leurs.

3) Nous revendiquons de réaliser les opérations de tri et même de recyclage (verres, métaux, papier…) sur l’actuel site de Romainville car nos territoires n’ont pas vocation à perdre tout emploi industriel. Mais si les risques de la méthanisation (explosion, odeurs nauséabondes…) ne sont pas suffisamment maîtrisés pour être pris en zone urbaine, il faut construire les usines de méthanisation dans des zones éloignées de toute habitation. Dans ce cas le transport des déchets putrescibles par la Seine, ses affluents et les canaux existants permettraient de relancer enfin le transport par péniches.

Jean-Yves (AL Seine-Saint-Denis)

 
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