Eolien : Combattre les moulins à vent




Les peuples d’Oaxaca (Mexique) résistent à l’installation du plus grand parc éolien d’Amérique latine et démontrent la mascarade qu’est le «  capitalisme vert  ».

Sous couvert d’investissement dans les énergies renouvelables et de «  développement  », le capitalisme continue de s’accaparer les ressources naturelles et de déstructurer les communautés locales autour de la planète. Les projets de parcs éoliens dans l’état d’Oaxaca au Mexique en sont un triste exemple. Disposant d’excellentes conditions éoliennes, l’isthme de Tehuantepec, dans le Sud de l’état, a déjà vu s’installer une quinzaine de parcs. Fracturation des terres agricoles, dépossession de terres indigènes ancestrales, coupure d’un des principaux couloirs de migration d’oiseaux en Amérique, les conséquences du capitalisme vert ne sont pas toutes roses. Et de nombreux autres projets sont encore en cours de développement, dont le projet de la Barra Santa Teresa porté par l’entreprise Mareña Renovables qui veut s’installer sur les lagunes du sud de l’isthme.

Méga-projets éoliens au service des multinationales

Ce projet de 132 éoliennes et d’une capacité de 396 mégawatts en ferait le plus grand parc éolien d’Amérique latine, attirant des capitaux australiens, néerlandais et danois pour financer les 1000 milliards de dollars d’investissements nécessaires. La production d’énergie «  verte  » générerait des crédits carbones permettant aux investisseurs de polluer ailleurs ou de spéculer sur les marchés de droit d’émission, selon la belle logique de privatisation et marchandisation de l’air. Tout cela pour alimenter en électricité les usines du groupes FEMSA, c’est-à-dire Coca-Cola, Heineken et Oxxo (une chaîne de supérettes type station-service), qui réduiraient ainsi leurs factures énergétiques de 10 %, augmentant leurs profits en proportion.

Les peuples indigènes de la région, Zapotèques, Ikojts, Binnizas, ne recevraient quant à eux que 1,5 % de l’électricité produite, restant exposés aux hausses continuelles des prix de l’énergie, insupportables pour les familles à faible revenu. Et surtout, ces peuples craignent les conséquences environnementales de ce projet. Les travaux d’installation, les vibrations, le bruit et les fuites d’huile feront fuir (ou mourir) les poissons et oiseaux de la zone, alors que plus de 90 % des familles des villages entourant la lagune vivent de la pêche sur la lagune.

Forte résistance des populations indigènes

Ce projet, approuvé sans consultation préalable des populations indigènes affectées, représente une sérieuse attaque néolibérale et néocoloniale dans la zone. La résistance n’a donc pas tardé à s’organiser, avec la création d’assemblées populaires dans plusieurs villages, le limogeage de certains élus qui avaient signé le projet en douce, l’érection de barricades pour empêcher le début des travaux, et des recours juridiques pour faire annuler le projet. La répression des opposantes et opposants au projet ne s’est pas faite attendre non plus, avec plusieurs raids de police ces derniers mois faisant des dizaines de blessé-e-s. Et également des emprisonnements arbitraires, des menaces de mort, des actes de torture, et la classique stratégie de division des communautés, de nombreuses personnes étant «  achetées  » pour défendre le projet au sein de leurs villages. Le capitalisme a beau changer de couleur, les méthodes restent les même. Mais face à la détermination des opposants et opposantes, il est probable qu’elles soient insuffisantes.

Jocelyn (AL Montreuil)

 
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