Cinéma : Moore, « Fahrenheit 9/11 »




Le jury du dernier festival de Cannes a créé la surprise en récompensant le nouveau film de Michael Moore, Fahrenheit 9/11. Cette surprise venait à la fois du fait qu’il s’agit d’un documentaire, genre rarement primé dans ce genre de festival, et du fait que ce film est politiquement engagé.

Une Palme d’or que Michael Moore avait reçu avec ces mots : « Je dédie cette Palme d’or à ma fille, aux enfants d’Amérique et d’Irak, et à tous ceux dans le monde qui souffrent des actions des États-Unis. » Avec la finesse qui les caractérisent, les républicains américains ont tenté d’empêcher la diffusion du film aux États-Unis, assurant une publicité encore supplémentaire au tract vidéo anti-Bush de Michael Moore. Le film bat des records et connaît un succès inégalé, à la fois pour un documentaire et pour un film politique.

Certes, le film est réussi. Michael Moore a toujours cette verve, cet engagement et cet enthousiasme qui ont fait le succès de ses films précédents ainsi que de ses livres. Il sait taper là où ça fait mal. C’est sans ambages qu’il accuse Bush de fraude électorale, de collusion avec la famille Ben Laden, d’escroquerie et de mensonge.

Toutefois, le film n’apprendra pas grand-chose à ceux et celles qui se sont intéressé(e)s de près à l’actualité américaine et aux dessous de la guerre en Irak. En fait, Fahrenheit 9/11 est ni plus ni moins que la version cinématographique de Tous aux abris. Pour contrer la propagande télévisuelle du gouvernement Bush, Michael Moore se bat sur le même terrain, celui des images.

Car ce film s’adresse d’abord et avant tout au public américain, sous-informé sur la réalité de la politique intérieure et extérieure américaine. Il s’inscrit clairement et sans ambiguïté dans la stratégie « Tout sauf Bush », déjà développée par Michael Moore dans Tous aux abris. Cette stratégie l’amène parfois à des procédés douteux comme l’utilisation ad nauseum des larmes de la mère d’un soldat tué en Irak dans Fahrenheit 9/11 ou des errements politiques comme le soutien à la candidature d’un général en retraite pour les démocrates dans Tous aux abris. Fahrenheit 9/11 s’adresse aux Américains, pour convaincre la large tranche des indécis et indécises de ne pas voter en novembre prochain pour Bush.

Mais cet américano-centrisme fait également l’intérêt de Fahrenheit 9/11. Il permet de mieux comprendre l’état d’esprit américain suite au 11 septembre 2001, et surtout l’évolution des mentalités au cours de la guerre en Irak. Il met en lumière des éléments de mode de vie indispensables pour comprendre les États-Unis et qui sont souvent difficiles à appréhender en France, comme le poids de l’armée et de la religion sur la société américaine.

Bref, un film à voir, avec du recul. Vous passerez un bon moment et vous apprendrez des choses si les États-Unis ne sont pas votre passion.

Laurent Scapin (AL Paris-Est)


<titre|titre=Michael Moore>

Nationalité américaine. Réalisateur et écrivain. Né le 23 avril 1954 à Flint (Michigan, Etats-Unis).

Filmographie

 1989 : Roger & Me
 1992 : Pets or Meat
 1995 : Canadian Bacon
 1997 : The Big One
 2002 : Bowling for Columbine
 2004 : Fahrenheit 9/11

 
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