Syndicalisme

Congrès de la CGT : Réflexions sur le document d’orientation




Le 53e Congrès de la CGT sera moins l’élaboration collective des syndicats qu’un affrontement décisif entre les tenants d’une certaine ouverture et ceux d’un retour en arrière. Si le néostalinisme de ces derniers est inquiétant, les faiblesses des premiers ne sont pas rassurantes.

Les nostalgiques ont beau jeu d’attaquer sur la faiblesse politique du document présenté par la direction sortante : pas d’analyse approfondie de la crise aigüe du capitalisme, formulation fade autour du « dépassement du capitalisme ». Mais en vrai, les deux camps partagent un renvoi des tâches politiques aux partis qui « seraient prompts à légiférer sur des lois de progrès social ». Programme commun, le retour ?

Les points forts du texte ne proposent guère de révolution mais de confirmer des évolutions récentes et positives : veille contre les violences sexistes et sexuelles dans la CGT, travail commun avec les associations et ONG en particulier « Plus jamais ça ». On y trouve le souci d’unité syndicale la plus large possible allant jusqu’à l’unification du syndicalisme de lutte, en particulier avec la FSU, mais sans oublier de citer Solidaires. A noter que dans les propositions sur le mix énergétique pour sortir des énergies carbonées, le nucléaire n’est pas cité en tant que tel.

Structures syndicales, le retour ?

Dans une tenace tradition de chasse aux « entristes » et aux mouvements qui débordent les bureaucraties, les articles 492 et 493 du document d’orientation sont particulièrement obscurs. Si les Gilets jaunes sont cités, sans la moindre analyse, de mystérieux « collectifs » non identifiés sont pointés d’un doigt accusateur. Et le mot « discipline » revient à plusieurs reprises dans les articles consacrés au fonctionnement.

Les nouveautés sont essentiellement à chercher du côté de la structuration syndicale. Non sans que parfois les articles se contredisent quelques paragraphes plus loin. Réjouissons-nous que, dans leur globalité, ces nouveautés reprennent des propositions formulées par les traditions syndicalistes révolutionnaires. Même si beaucoup de flou persiste, les pistes ouvertes sont celles qui avaient été sèchement fermées lors du 52e congrès.

Ainsi, il est proposé un effort majeur de syndicalisation des apprenties sans trancher entre territoires et fédérations, c’est à dire sans trancher entre leur lieu d’étude et leur lieu de travail. Un équilibre au demeurant complexe, surtout en absence de présence forte du syndicat d’industrie local qui pourrait intervenir. Cette syndicalisation est par ailleurs totalement séparée de la création de syndicats d’étudiantes salariées dont la généralisation des SELA (syndicat d’étudiantes, lycéennes, apprenties) est proposée à titre expérimental, mais là aussi, dans un flou total entre intervention des SELA sur les lieux d’étude et/ou sur les lieux de travail.

Partant du constat que 100 000 syndiquées sont sans syndicat de rattachement, le document ouvre enfin la voie au plus grand pragmatisme, questionnant « la taille critique » d’un syndicat pour qu’il soit viable. Évoquant le succès des syndicats professionnels pour les assistantes maternelles, il évoque aussi des syndicats locaux, départementaux, régionaux ou nationaux. Même si le mot syndicat d’industrie n’est jamais écrit, il semble qu’il n’est pas formellement exclu d’avancer dans cette voie qui permet aux militantes des grandes entreprises d’une profession de soutenir concrètement la vie syndicale dans les plus petites sur un territoire donné, et de revenir aux sources du syndicalisme révolutionnaire.

Jean-Yves (UCL Limousin)

 
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