Élections prud’homales : La CGT confirme, la CFDT décline




Les résultats aux élections pour désigner les juges du travail montrent surtout une participation qui ne s’élargit que peu au-delà du cercle des personnes syndiquées.

Le premier bilan que l’on peut tirer des élections prud’homales du 3 décembre dernier est évidemment le taux d’abstention record qui atteint près de 75 % cette année (contre 37 % en 1979).

La plupart des directions syndicales ont dénoncé des obstacles (réels) à la participation au vote, à travers du matériel électoral non distribué, des pressions de la part de patrons pour empêcher les salarié-e-s d’aller voter sur leur temps de travail, l’implantation de bureaux de vote trop éloignés, mais cela n’explique pas tout.

Une grande majorité des 18,6 millions de travailleurs et de travailleuses concernés sont dans des entreprises de moins de 50 salarié-e-s, où il y a peu ou pas de présence syndicale. Par ailleurs la méconnaissance des conseils de prud’hommes joue en faveur de l’abstention. Enfin, au moment où la crise produit ses premiers effets, l’absence ou la faiblesse de ripostes a pu interroger sur l’efficacité du syndicalisme.

Ce scrutin a essentiellement mobilisé les milieux syndiqués ou ayant un contact direct avec des syndiqués. Ainsi la CGT, première organisation, obtient environ 2 électeurs pour un adhérent (1 568 759 voix pour 700 000 adhérents). À l’autre bout, Solidaires obtient un ratio comparable (176 490 voix pour 90 000 adhérents).

La CGT, en hausse de 1,84 points conforte donc sa première place avec 34 % des voix. Un résultat que les partisans de la direction confédérale ne manqueront pas d’invoquer pour valider ses orientations. Mais les opposants pourront mettre en avant la perte de plus de 100 000 électeurs.

Les lignes ne sont pas bouleversées

La CFDT, avec 21,8 %, baisse à la fois en pourcentage (- 3,43 points) et en électeurs (- 300 000 voix). Il s’agit d’un véritable revers, qui confirme une tendance à la baisse déjà observée lors des dernières élections pour les comités d’entreprise.

Pour les autres confédérations historiques, seule la CGC tire un peu son épingle du jeu avec 8,2 % (+ 1,19) en repassant devant la CFDT dans l’encadrement. FO (15,81 %) perd 2,47 points et plus de 220 000 voix et la CFTC (8,7 %) perd près de 1 point et 100 000 voix.

Pour ces organisations, au vu des nouvelles règles de représentativité, l’heure est aux manœuvres de recomposition pour ne pas perdre leur situation d’interlocuteurs du patronat et des pouvoirs publics, d’autant que l’Unsa avec 6,26 % (+ 1,27), si elle ne réussit pas la percée escomptée, confirme son implantation.

Quant à l’Union syndicale Solidaires, avec 3,82 % (+ 2,31 points) et un gain de 98 170 voix, elle confirme la progression de ses implantations professionnelles et géographiques, malgré les entraves mises à son développement, avant comme après la loi du 20 août 2008. Elle fut la seule organisation syndicale écartée des subventions publiques pour mener campagne, ce qui peut s’expliquer par cet hommage involontaire du Figaro, qui la présente comme un « mouvement ultra contestataire qui fait campagne sur le refrain, très prisé en période de crise, de la lutte des classes et de la collusion entre le gouvernement et le patronat. »

Mathieu et Gérard (AL Saint-Denis)

 
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