Culture

Lire : L’atelier paysan, « Reprendre la terre aux machines »




Collectif de formation à des outils réparables et à entretenir soi-même, l’Atelier paysan reconnait les limites des alternatives en général et propose des pistes de rupture pour construire une autonomie alimentaire et paysanne. Puisque la moitié des agriculteurs vont partir à la retraite d’ici dix ans, les auteurs veulent saisir cette chance historique de reprendre les terres à l’industrie agroalimentaire et fixent l’objectif de l’installation d’un million de paysans d’ici dix ans.

Ils racontent la mécanisation puis l’industrialisation de l’agriculture. Sa robotisation, si elle représente un seuil sidérant qui pourrait permettre une large prise de conscience, n’en est qu’une étape supplémentaire. Il s’agit de produire la nourriture le moins cher possible pour libérer du pouvoir d’achat en faveur d’autres types de consommations et ainsi soutenir la croissance, selon le modèle en cours depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, lequel a causé le « sacrifice des paysans » et compte sur le développement de la pauvreté pour absorber ses excédents de production, grâce à la défiscalisation des dons via l’aide alimentaire dont le nombre de bénéficiaires ne cesse de croître.

Les auteurs prônent une « socialisation de l’alimentation » par l’instauration d’une Sécurité sociale alimentaire, sur des bases démocratiques, universelles et égalitaires, la fixation d’un prix minimum d’entrée pour les produits agricoles importés en France, un mouvement de lutte pour une désescalade technologique en agriculture, un retour de l’artisanat, une délocalisation de l’économie et une communalisation. Rare livre sur l’écologie qui ouvre des perspectives optimistes, concrètes, (presque) à portée de main et qui méritent au moins d’être étudiées et débattues.

Ernest London (UCL Le Puy-en-Velay)

  • L’Atelier paysan, Reprendre la terre aux machines, Le Seuil, 2021, 290 pages, 20 euros
 
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