Solidaires : Une autre vision du « syndicalisme rassemblé »




Le 4 septembre, le bureau national de l’union syndicale Solidaires a publié un appel au rassemblement à la base. Un petit événement.

Nous ne traiterons pas ici des manœuvres en cours destinées à sauver les différentes fractions du syndicalisme réformiste : de CGT/CFDT à Unsa/CGC, en passant par le comique FO/CFTC, voire Solidaires/FSU… À côté de cela, il se passe des choses plus intéressantes parmi les syndicalistes qui se revendiquent de la lutte de classes, et développent une pratique en rapport.

Ainsi, à Rennes s’est tenue en juin une rencontre, à l’initiative de syndicalistes CGT Communaux, qui a rassemblé aussi des camarades de syndicats Solidaires, FSU, CNT, Unef. Un texte à destination des militantes et militants d’Ile-et-Vilaine circule et des initiatives seront prises lors de chaque manifestation (lire page 12). Ce rassemblement encore modeste en nombre n’a pas pour objectif de se substituer aux organisations syndicales, mais veut contribuer à la réflexion sur les stratégies d’action par un outil intersyndical de liaison et d’échange.

Initiatives

En septembre, des réunions de signataires de « l’appel aux états-majors syndicaux pour un syndicalisme de classe » ont été organisées dans plusieurs régions. Initié par des militants et des militantes CGT et FSU, cet appel a ses limites : l’adresse aux états-majors censés (tous ?) répondre aux aspirations de la base, la perspective d’une grève générale reconductible démarrant le lundi 10 novembre, donc au milieu d’un pont. Mais il a le mérite essentiel de créer une dynamique de rencontre intersyndicale. En cela il est cent fois moins critiquable que… l’absence d’initiative !

Autre appel, celui-ci d’une organisation syndicale interprofessionnelle en tant que telle : dans la suite de son congrès national de juin 2008 et de débats qui la traversent depuis bien longtemps, l’union syndicale Solidaires a adopté lors de son bureau national de septembre 2008 un « appel pour des espaces syndicaux de débats et d’initiatives, pluriels et unitaires ».

Ce texte (voir encadré) peut marquer une étape importante dans l’unification du syndicalisme de classe si celles et ceux qui pratiquent ce syndicalisme s’en emparent : les militantes et les militants organisé-e-s à Solidaires en premier lieu, mais aussi les autres ; son contenu n’est pas un « programme », il jette les bases d’un débat, mais en fixant clairement le cadre, celui du syndicalisme révolutionnaire, même si l’expression n’apparaît pas.

Ces différentes initiatives sont positives. Nous devons contribuer à leur réussite, ne pas laisser cela se transformer en un énième « collectif de débats » coupé des pratiques militantes. Parce que le syndicalisme de demain sera ce que nous en ferons …

C. Mouldi (AL Transcom)


Extraits

(…) Pour arriver à leurs fins, le patronat et son gouvernement ont besoin d’affaiblir le syndicalisme tel que des générations de travailleurs/ses l’ont construit en France : un syndicalisme indépendant dans sa réflexion et ses modes d’actions, qui veut défendre les intérêts des salarié-e-s, et travailler à la construction d’une société qui ne soit pas basée sur l’exploitation.

(…) Ce reformatage vise à affaiblir, à marginaliser le syndicalisme de luttes et de transformation sociale, celui qui croit encore à la nécessité de la mobilisation et des rapports de forces pour faire reculer patronat et gouvernement porteurs de projets de destruction sociale généralisée, celui qui pense que la grève générale interprofessionnelle est une perspective crédible face aux attaques que nous subissons, un mouvement qu’il est nécessaire de construire.

Nous devons tirer le bilan de ce qui s’est passé au moment du conflit des régimes spéciaux de retraite fin 2007, avec les journées d’action à répétition en mai et juin dernier, le refus de faire converger public et privé, le refus de construire réellement un plan de mobilisation des salariés et de mettre en perspective la grève générale.

Le 4 septembre 2008

 
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