Syndicats lycéens : fascistes en vue, fascistes exclus !




Le syndicat lycéen MNL, Mouvement National Lycéen, qui se nommait il y a quelques mois UNL-SD, pour Union Nationale Lycéenne Syndicale et Démocratique, est né d’une scission de l’Union Nationale Lycéenne en 2016. Ce syndicat, qui se réclame syndicat de lutte et de transformation sociale, a eu un drôle de choc en mai dernier…

En effet , les membres du MNL apprenaient qu’un de leurs cadres (Responsable Fédéral) était non seulement au Rassemblement National (RN), mais en plus de ça proche de Génération Identitaire, groupe fasciste qui a fait parler de lui à de nombreuses occasions ces dernières années. Peu après, iels apprenaient que deux autres cadres étaient proches du RN, et que l’un d’eux était d’ailleurs assez influent au sein de Génération Nation (ex-Front National de la Jeunesse), l’organe jeune du Rassemblement National dirigé par Jordan Bardella.

Plusieurs militant.es antifascistes du MNL se sont alors emparé.e.s du problème, et ont pu organiser un vote des référent.es fédéraux de l’organisation afin de déterminer si les valeurs du Rassemblement National étaient en contradiction avec les valeurs portées par le syndicat. Malheureusement pour elles et eux, le vote fut peu probant, puisque sur 15 cadres fédéraux, 5 votèrent oui, 5 votèrent non et 5 s’abstinrent.

Fin juillet, ces trois sympathisant.e.s du RN sont finalement exclu.es suite à une décision du Bureau National (BN), et entraînent avec eux une centaine de membres du MNL, dont une trentaine dans le Finistère, où se trouvent deux des trois cadres, l’autre étant dans l’Aude. À noter que sur la centaine, une bonne partie a probablement dû partir non pas pour des raisons politiques au sens strict, mais du fait de leurs liens affinitaires avec les trois exclu.es, qui n’ont pas manqué de se faire passer pour des victimes politiques d’un BN intolérant.

L’extrême droite renforce sa présence auprès des lycéens

À la suite de leur exclusion, ces trois individus ont alors tenté de s’infiltrer dans un autre syndicat lycéen, la FIDL (Fédération Indépendante et Démocratique Lycéenne), mais une communication efficace entre le MNL et la FIDL a permis de les faire exclure directement après leur adhésion. Néanmoins, il reste actuellement quelques cadres au sein du MNL qui n’étaient pas favorables à leur exclusion, et rien ne garantit que l’extrême-droite n’essaye pas à nouveau de s’infiltrer dans le syndicalisme lycéen.

On peut éventuellement supposer, sans trop s’avancer, qu’une partie de l’extrême-droite s’est rendu compte du potentiel militant de la jeunesse, notamment avec le mouvement lycéen de décembre, qui se concentrait en grande partie en quartiers populaires, mais également en zone rurale, où l’extrême-droite est plus implantée et a parfois essayé d’approcher les lycéen.nes du mouvement. Alors qu’à Bordeaux, l’Action Française a par deux fois été surprise en fin d’année à distribuer ses tracts nauséabonds devant des lycées, c’est Génération Identitaire qui est allée coller ses autocollants sur la façade d’un lycée à Auch courant décembre, tout en essayant de nouer des liens avec les lycéen.nes à d’autres occasions. Et ce genre d’exemple ne manque pas. Ne possédant pas d’organisation lycéenne performante, l’extrême-droite aurait donc voulu s’insinuer dans un syndicat lycéen suffisamment décentralisé pour pouvoir créer des liens sans trop se faire remarquer.

Difficile d’affirmer qu’il s’agisse d’une stratégie consciente, quoi qu’il en soit, ces évènements devraient encourager les lycéen.nes syndiqué.es ou non à reconsidérer la question de l’antifascisme, et auront probablement un impact sur le développement de futurs cadres unitaires de vigilance et de formation sur le sujet. Par ailleurs, certain.es syndicalistes lycéen.nes semblent penser qu’une bonne mesure à prendre serait de faire participer leurs structures à l’association intersyndicale VISA (Vigilance et Initiatives Syndicales Antifascistes). À voir où cela mène, et si cela permettra de repopulariser les luttes antifascistes dans la jeunesse.

Face aux infiltrations, ne pas laisser le terrain

Quant à nos perspectives en tant que groupes révolutionnaires, il serait pertinent de prendre la mesure de cette menace, et de ne pas laisser le terrain aux fascistes, ni de laisser les organisations lycéennes seules dans cette lutte - en menant par exemple en amont un travail de politisation régulier devant les lycées, de démontage des idées réactionnaires et fascisantes, notamment en rappelant les actions et le rôle historique du fascisme, et ce à l’échelle la plus large possible. Travailler sur des argumentaires facilement appropriables, ainsi que sur la production de matériel militant répondant directement à cette menace tout en intégrant cette dernière dans le contexte capitaliste qui provoque sa naissance, peuvent être des pistes d’orientation tactique, sur lesquelles nous travaillerons prochainement. La jeunesse ne doit pas être laissée en proie à l’extrême droite, aussi faisons le nécessaire pour lui donner les armes que requiert sa défense.

Nathan (Montreuil) et Arthur (Bordeaux) de la commission jeunesse

 
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