Dossier 1914 : Chronologie : Quatre ans de montée vers la guerre




Dessin de Paul Poncet dans La Guerre sociale du 26 février 1913.

D’inavouables rivalités inter-impérialistes sont le principal moteur
de la Grande Guerre : rivalité commerciale anglo-allemande ; rivalité austro-russe dans les Balkans ; rivalité coloniale franco-allemande... Le thème de la reconquête de l’Alsace-Lorraine, opportunément brandi en France, n’est que très secondaire.

Mai-novembre 1911 : l’engrenage marocain

La crise franco-allemande pour le contrôle du Maroc mène l’Europe
au bord de la guerre. Les syndicats ouvriers organisent de grands meetings pacifistes. À Paris, les anarchistes étudient les moyens pratiques de « saboter la mobilisation » en cas de grève générale.

24 septembre : 60.000 personnes au grand rassemblement pacifiste
de l’Aéro-Park
, à Paris, organisé par la CGT, avec le PS et la FRC.

Septembre 1911-octobre 1912 : l’engrenage libyen

La guerre italo-turque pour le contrôle de la Libye déclenche une vague patriotique en Italie. Tandis que le PS s’y rallie à la monarchie, anarchistes et syndicalistes révolutionnaires s’opposent à la guerre.

Janvier 1912 : Le président du conseil, Raymond Poincaré, inaugure
la politique de «  fermeté nationale  »  : promotion permanente de l’armée, militarisation de la société, renforcement de l’alliance russe, répression des antimilitaristes.

Octobre 1912-juillet 1913 : l’engrenage balkanique

Affaibli par sa défaite en Libye, l’Empire ottoman (soutenu par Vienne et Berlin) se voit à présent disputer le contrôle de la Macédoine
par la coalition des États serbe, bulgare, grec et monténégrin (soutenus par Paris et Saint-Pétersbourg). Cette fois, c’est la tension austro-russe qui mène l’Europe au bord de la guerre.

17 novembre : 150.000 personnes au grand rassemblement pacifiste
au Pré-Saint-Gervais, à l’appel du PS, avec la FCA et la CGT. Répression contre la FCA, qui promet le sabotage de la mobilisation.

24-25 novembre : Contre la guerre : à Bâle, congrès socialiste international pour la paix ; à Paris, le congrès extraordinaire de la CGT vote
une grève générale ; à Modène, les syndicats révolutionnaires italiens rompent avec la CGIL réformiste, et fondent l’USI.

16 décembre : En France, résultat mitigé de la grève générale contre
la guerre appelée par la CGT
 : 600.000 grévistes dans tout le pays.

Janvier-août 1913 : la course aux armements

Voyant ses alliés autrichien et turc affaiblis par le résultat de la guerre des Balkans, l’Allemagne décide d’augmenter son armée permanente de 121.000 hommes.

22-28 janvier : Procès de la FCA à huis clos  : cinq militants condamnés
à la prison, dont Louis Lecoin et Pierre Ruff.

5 mars : Après l’Allemagne, le gouvernement français décide d’allonger
le service militaire de deux à trois ans, afin de disposer de 180.000 hommes supplémentaires en permanence sous l’uniforme.

16 mars : 150.000 personnes contre la lois de trois ans au Pré-Saint-Gervais, à l’appel de la CGT, avec la FCA et le PS.

18-24 mai : Vague d’agitation contre les trois ans dans les casernes, imputée à la propagande antimilitariste de la CGT et de la FCA.

26 mai : On cherche « l’organisation coupable » : perquisitions
par centaines dans les milieux syndicalistes et anarchistes.

1er juillet : 20 responsables de la CGT et 2 de la FCA sont emprisonnés au titre des « lois scélérates » pour « menées anarchistes ».

15 juillet 1913 : Sentant qu’elle ne sera pas suivie, la conférence nationale de la CGT renonce à appeler à la grève générale le 24 septembre contre les trois ans, pour les mutins et les prisonniers politiques. Début d’une crise violente entre la direction confédérale
et la gauche de la CGT qui, appuyée par la FCA, accuse la CGT
de « rectifier son tir ».

19 juillet : Vote de la loi de trois ans à l’Assemblée nationale.

Mai 1914 : Les élections législatives sont marquées par un vote sanction, contre les députés « troisannistes ». En juin, René Viviani forme
un gouvernement plutôt à gauche qui bénéficie du soutien tacite
du PS, mais qui maintient la loi de trois ans.

Juillet 1914 : l’engrenage austro-serbe

28 juin : l’héritier du trône d’Autriche est assassiné à Sarajevo
par un nationaliste serbe. A Vienne, les « faucons » y voient l’occasion
de mettre au pas la monarchie serbe, soupçonnée de financer
le terrorisme slave dans l’empire.

23 juillet : Ultimatum autrichien à la Serbie.

Guillaume Davranche (AL Montreuil)


Voir les autres articles du dossier :

 La Grande Guerre : pouvait-on l’empêcher ?
 Les fractions du mouvement ouvrier en 1914
 Contre la guerre : trois stratégies (CGT, PS, FCA)
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 Action, reculade, effondrement : onze journées dramatiques
 Pourquoi le Carnet B n’a-t-il pas été appliqué ?
 Verbatim : Émile Aubin : « Silence, les gueulards ! »
 Epilogue : Résister à l’union sacrée

 
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