Politique

Le SNU a marche forcée




Le Service national universel est en voie d’être généralisé dans certains départements. Ce dispositif, qui ressuscite le service militaire, sera principalement encadré par les militaires et permettra de diffuser les valeurs de l’armée.

Le 27 février dernier, un article est sorti dans Politis, Macron jouant à nouveau la technique, désormais habituelle, de la sortie dans la presse du projet avant son application. Cet article décrit une généralisation du Service national universel (SNU) progressive à partir de septembre 2023 dans six départements. La généralisation pourrait passer soit sur le temps scolaire, soit hors temps scolaire.

Ce SNU propulserait une militarisation de la société. On pourrait répondre à cela que étant donné l’absence d’armes, ce n’est pas une militarisation. Cependant, les valeurs de l’armée y sont quand même présentes, à commencer par l’instruction (lever à six heures, drapeau, etc.), la nature des modules (défense, sécurité intérieure, valeurs « républicaines »). Il est simple de voir en quoi ce SNU, pourrait, à terme devenir un service militaire comme un autre.

Le SNU est l’instrument d’un imaginaire militarisé. Au niveau du validisme, pour les participants qui pratiquent du handi-sport, le matériel nécessaire est pris dans des établissements publics alentours, en supprimant l’accès aux personnes en situation de handicap. La militarisation passe aussi par la xénophobie, le racisme, les LGBTIphobies, et beaucoup plus d’oppressions, le séjour se passant dans un milieu connu pour son virilisme.

e gouvernement compte passer de 30 000 participants à 800 000 appelés issus de six départements.
Le gouvernement compte passer de 30000 participants à 800000 appelé-es issu-es de six départements.

ENCORE DES MOYENS POUR L’ARMÉE

On peut également remettre en question l’accès à ce service militaire, qui, si rendu obligatoire, se déroulerait dans un autre département que celui de l’appelé, aux frais de ce dernier. Ce dispositif, bien que vendu comme étant formé par des personnes de l’éducation populaire, des enseignants, ou des militaires, ce sont bien ces derniers qui sont majoritaires. L’augmentation du nombre de participants (passant de 30 000 en 2021 à 800 000 appelés potentiels) entraînerait nécessairement une augmentation de personnels encadrant, expliquant le nombre de CDI que l’État propose

Le CDI est l’outil principal pour recruter des non-bidasses, il ne faut pas se faire d’illusions : les personnels d’éducation populaire et les enseignants seront minoritaires. L’obligation sur temps scolaire allant sûrement alourdir encore des programmes déjà surchargés. Et il y a bien évidemment la question de l’argent : à l’heure où le gouvernement nous enfume avec le manque d’argent magique, il paraît assez aberrant de mettre au moins 1,5 milliard d’euros dans ce pseudo service militaire, en particulier en pleine pénurie de profs. Cet argent peut être mieux réparti.

En théorie, l’obligation du SNU devrait requérir le vote d’une loi. Ce temps peut être l’occasion de montrer au gouvernement à quel point la jeunesse est capable de s’engager, dans les blocages, dans les manifestations, afin d’empêcher l’obligation de ce service moribond.

Commission jeunesse de l’UCL

 
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