Critique sociale / Réédition

Lire : Sennett, « La Culture du nouveau capitalisme »




Sociologue et historien, Richard Sennett nous offre dans cet essai, un tour d’horizon sur les ruptures qu’introduit le nouveau capitalisme par rapport aux aspirations libertaires des années 60…

Après l’éclatement des bureaucraties et des contraintes, toujours plus opprimantes pour l’individu, répond désormais la fragmentation de la vie sociale et des êtres humains. Du talent de l’individu à son inutilité sur son lieu de travail, l’auteur, par ses recherches sur le terrain, nous montre comment les relations au travail ont été modifiées par le système économique et social.

La dissociation du pouvoir et de l’autorité, au niveau économique, correspond selon Richard Sennett, à la fracture entre la réussite personnelle et le progrès social. Selon lui nous assistons à une dérive non progressiste de la culture du néo-capitalisme. En effet, l’individu doit être capable de se définir à travers de constantes mutations professionnelles. Il doit rester à la hauteur dans une société où le talent n’a plus sa place et où les compétences deviennent très vite obsolètes. Il doit se sentir utile aux yeux des autres pour ainsi ressentir cette puissance demandée socialement, l’élitisme étant de rigueur.

L’auteur explique aussi la division des classes entre les travailleurs, entre ceux qui profitent de la nouvelle économie et ceux qui n’en profitent pas dans cette société « à deux vitesses » pour reprendre le terme de Robert Reich, analyste du travail.

Avec un coup d’œil tout à fait remarquable, Richard Sennett nous démontre comment l’individu est manipulé par la société de consommation : l’objet matériel devient très vite périmé, ce qui pousse les consommateurs a toujours renouveler ses besoins fictifs dirigé par l’économie. Sennet prend l’exemple de l’I-pod qui est tout à fait intéressant dans l’ouvrage. Le champ de consommation est selon lui théâtral.

Enfin, l’œuvre nous décrit pourquoi l’engagement, à propos du « moi » comme processus, ne cesse de se raréfier toujours plus dans le nouveau capitalisme, en termes de loyauté institutionnelle. En effet, comment s’attacher à une institution qui ne s’attache pas à vous ? Ce sentiment serait irrationnel.

Richard Sennett parie sur une révolte contre cette culture de la superficialité, où le consumérisme tient lieu de politique, et les gadgets, de mesures sociales.

P-A (AL Montpellier)

• Richard Sennett, La Culture du nouveau capitalisme, 2009, édition Pluriel, 157 pages. 6,90 euros

 
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