Echos d’Afrique : Secret défense, l’impunité garantie !




Lors de son passage au Burkina-Faso, Macron avait annoncé la déclassification des archives françaises concernant l’assassinat de Thomas Sankara en 1987. Mais pourquoi y a-t-il autant de documents classifiés «  Secret défense  » inaccessibles au public et à la justice  ? C’est l’objet du nouveau collectif «  Secret défense – un enjeu démocratique  ».

L’énumération des affaires représentées au collectif est révélatrice de l’ampleur du problème et de sa dimension tant historique qu’actuelle  :

• Le massacre des tirailleurs «  sénégalais  » au camp de Thiaroye, le 1er décembre 1944.

• L’assassinat du magistrat Bernard Borrel à Djibouti, le 18 octobre 1995.

• L’assassinat de Robert Boulin, ministre en exercice, le 29 octobre 1979.

• Le naufrage du chalutier breton Bugaled Breizh, le 15 janvier 2004.

• Le rôle de la France dans le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994.

• La «  disparition  » de l’universitaire Maurice Audin en Algérie en 1957.

• L’enlèvement et la disparition de Mehdi Ben Barka à Paris, le 29 octobre 1965.

• Les massacres d’Algériens à Sétif, le 8 mai 1945, et à Paris, le 17 octobre 1961.

• L’assassinat de Thomas Sankara, président du Burkina Faso, et de ses compagnons, le 15 octobre 1987.

• La destruction en vol au-dessus d’Ustica, en Italie, d’un avion de ligne, le 27 juin 1980.

• L’enlèvement et l’assassinat au Mali des envoyés spéciaux de Radio France Internationale (RFI), Ghislaine Dupont et Claude Verlon, le 2 novembre 2013

Si certaine affaires semblent concerner des erreurs que l’État ne veut pas reconnaître, la plupart d’entre elles concernent des crimes d’ordre politique comme celui de Mehdi ben Barka (militant marocain) ou de Thomas Sankara (président Burkinabé)  ; ou encore des massacres inavouables.

La classification «  Secret défense  » est théoriquement justifiée par la nécessité qu’a l’État de protéger des informations pour assurer la sécurité intérieure et extérieure, mais les cas représentés dans le collectif révèlent que cette classification est trop souvent utilisée pour protéger les gouvernants et décideurs afin qu’on ne puisse leur demander de rendre des comptes.

Les demandes de citoyens, d’associations ou même de la justice d’accéder à des documents classifiés se confrontent à des lourdeurs administratives d’une part, mais surtout à des décisions politiques rendant presque impossible le travail pour la vérité et la justice.

C’est ainsi que les responsables de crimes commis au nom de la France (allant tout de même jusqu’à la complicité de génocide au Rwanda en 1994) restent impunis et que leurs successeurs se sentent protégés, quoi qu’ils fassent.

Sans surprise, la plupart de ces affaires ont un lien avec l’Afrique, où l’État français a toujours agi avec beaucoup de violence et de mépris.

Révéler les crimes et demander justice pour et avec les victimes sont des axes importants de la lutte contre la Françafrique. Espérons que l’action de ce nouveau collectif permettra de faire sauter quelques verrous et reculer l’impunité  !

Noël Surgé (AL Carcasonne)

 
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