Marche pour Mariama : La colère perce sous le deuil




Fin décembre, Mariama Kallo a été tuée par son mari à Montreuil. Défenestrée après avoir reçu de nombreux coups de couteau, elle vient allonger la liste des meurtres conjugaux. Les voisins et voisines se sont réuni.es pour une marche silencieuse en sa mémoire le 10 janvier.

La marche silencieuse, organisée au départ du pied de la tour où habitait Mariama Kallo et devant rejoindre la mairie, a réuni environ 300 personnes. Des gens venus de tout Montreuil et même de plus loin. Des voisines et des voisins, des Montreuilloises et des Montreuillois touché.es, mais aussi des militantes féministes. La tristesse était sur tous les visages, mais aussi la colère.

Une marche nombreuse et digne

Un voisin a pris la parole de manière véhémente, interpellant le maire. Une bousculade a eu lieu entre les élu.es et les habitantes et habitants de la cité au démarrage de la manifestation, pour savoir qui marcherait en tête de la manifestation. Au final, les seconds l’ont emporté. Le sentiment était que les appels de détresse de Mariama n’ont pas été écoutés par la police et par les services sociaux. Des voisins étaient déjà intervenus, dans le passé, pour empêcher son mari de la frapper. Alertée, la police a mis, comme souvent dans ce genre de cas, 45 minutes à intervenir. Après le meurtre, son corps est resté dix heures en contrebas de l’immeuble, avant qu’enfin les services funéraires ne viennent s’en occuper. Tous ces retards, cette négligence, ce déni des services publics auraient-ils été possibles si ce meurtre avait eu lieu dans les beaux quartiers  ? Les habitantes et les habitants ont leur opinion sur la question.

Mariama, comme tant de femmes

C’est le Bondy Blog qui nous apprend qui était Mariama Kallo. Arrivée il y a un an et demi en France, elle a, d’après les voisins et voisines, vite été victime de la violence de son mari. Elle travaillait, elle faisait le ménage dans des hôtels. On imagine la dureté de sa vie, sans aucun espace de liberté, exploitée au travail, exploitée et violentée à la maison. Son meurtre allonge la longue liste de femmes tuées chaque année par leur conjoint en France. Ces femmes, victimes de ce que l’on appelle un féminicide, sont issues de toutes les catégories sociales. Elles ont en commun de subir de plein fouet la domination des hommes de leur entourage. Rendons hommage à Mariama Kallo, et souvenons-nous que la violence des hommes est ce qui leur permet de nous maintenir dans l’exploitation domestique et économique. Rendons hommage à Mariama Kallo, et soyons solidaires pour nous libérer les unes les autres de nos maris, de nos compagnons, de nos petits amis violents.

Adèle (AL Montreuil)

 
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