Édito : le virus policier




Les crises sont toujours l’occasion, pour les capitalistes, de promouvoir des mesures de contrôle des populations. Présentées comme provisoires, elles finissent par être instituées dans des lois ou des habitudes.

L’épidémie actuelle ne fait pas exception : drones pour surveiller les déplacements, traçage numérique des individus et de leur entourage, télésurveillance du travail ou des examens universitaires, caméra de détection du port de masque. Il est à parier que ces « innovations » auront vocation à durer.

À l’innovation s’ajoute l’amplification. Surfant sur la peur liée à l’épidémie, les pratiques policières violentes se sont accentuées. Des personnes l’ont payé de leur vie. Il faut dire que le flicage a été très inégalement réparti dans l’Hexagone, puisque la Seine-Saint-Denis a subi un taux d’amende par contrôle de 17% contre 5,9% de moyenne en France. Dans le même temps les appels pour dénoncer ses voisins, ou même des proches, ont accaparé les standardistes de la police professionnelle.

Ce n’est pas nouveau, l’État policier a toujours bénéficié d’une « base bénévole » conséquente, comme en témoignent, par exemple, les dénonciations contre les bénéficiaires du RSA. Le virus policier est puissant et s’alimente des figures médiatiques de l’ennemi intérieur : aujourd’hui les joggeurs et joggeuses, ou les parents confinées qui sortent leurs enfants d’appartements trop étroits. L’antidote est pourtant connu : éteignons les écrans, lisons la presse révolutionnaire et construisons des solidarités de classe.

UCL, 22 mai 2020

 
☰ Accès rapide
Retour en haut