Nanotechnologies : L’innovation à marche forcée




Les nanotechnologies ont connu un essor prodigieux en seulement deux décennies. Face à l’absence totale d’information quant à leur impact et confronté au mutisme coupable des industriels et des pouvoirs publics, lutter contre ces technologies invasives est devenu une nécessité vitale.

La miniaturisation des composants de la matière modifie les propriétés physiques de cette dernière. Sans s’en tenir à cette découverte de base, les nanotechnologies créent aussi de nouveaux agencements de ces composants, aux propriétés toujours plus inédites, et toujours plus difficiles à connaître avec certitude [1].

En observant le décalage entre les risques liés aux nanomatériaux et la facilité avec laquelle ils ont été répandus dans la société, depuis les programmes de recherche jusqu’aux produits de consommation courante, on peut constater le mutisme complice des industriels et des pouvoirs publics. Car aujourd’hui alors que l’on recense les premiers dégâts écologiques et sanitaires, soyons clairs : les nanoparticules court-circuitent tous nos appareils de régulation et de contrôle, qu’ils soient législatif, sanitaire, médical, écologique et même scientifique.

Une technologie du contrôle…

Ce retard des cadres sociaux révèle l’essor vertigineux qu’ont connu depuis 1990 les recherches « nanos » en biotechnologie, en physique et en sciences de l’information. C’est qu’elles ont joui d’investissements proportionnels aux profits escomptés sur leurs découvertes [2] : 6 milliards de dollars via les industriels, en lice pour l’appropriation des brevets, 4,6 via les états et collectivités, avec de nets déséquilibres en faveur des activités de défense et de production (énergie, agriculture). Seulement 0,4 % de ces dépenses sont faites pour sécuriser l’innovation. On sait par ailleurs que le thème fort discutable de la « convergence technologique », à l’origine du programme NBIC [3] américain, relève tant d’un rêve mégalomane de maîtriser la matière que d’un très réel lobbying, où les sciences dominantes du système technicien-capitaliste ont tout simplement exclu les autres domaines et l’ensemble de la société. Un scénario identique à celui qui préside au développement des OGM et des TIC [4].

…au profit du système technicien

Rien d’étonnant dès lors à la désinformation d’Etat qui accompagne cette technologie, volonté de « fabriquer du consentement » dont le collectif Pièces et Main d’Œuvre dénonce les motivations et les acteurs. On est bien en face d’un projet privé de toute considération en matière de bien-être social, voulu non par le peuple mais par ses maîtres. Vouées à la surveillance, au contrôle invasif du corps et des esprits, développées à des fins de profit et de monopoles commerciaux et stratégiques, les nanotechnologies polarisent toutes les formes de domination, tandis que nos gouvernants, serviles et intéressés, les encouragent dans leur conquête d’un vivant approprié et rendu marchant. Loin de tout obscurantisme, nous déclarons que ce progrès est un mensonge.

Mouchette (AL 93)

[1Sur l’histoire et les applications des nanotechnologies, un ouvrage grand public : Dorothée Benoit Browaeys, Le Meilleur des nanomondes, Buchet Chastel, 2009.

[2Voir argumentaire sur le site de Attac, « les citoyens face aux nanotechnologies ».

[3Nanotechnologies, biotechnologie, sciences de l’information et sciences cognitives.

[4C’est ainsi que P. Musso analyse le phénomène dans le champ des TIC sur le site d’Acrimed.

 
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