Écologie

Industrie : Mieux vaut saboter avec les concernées




Au printemps, plusieurs usines de microélectronique en Isère ont été la cible de sabotages visant à impacter cette production très consommatrice d’eau et d’électricité. L’action, organisée sans les travailleuses et travailleurs d’usines pourtant classées Seveso, a causé des dommages collatéraux et aurait pu engendrer de graves pollutions.

Début avril, un sabotage important a eu lieu dans le Grésivaudan, une vallée proche de Grenoble qui concentre une grande partie de la production française de semiconducteurs dans les usines de Soitec et de STMicroelectronics, des établissements hautement stratégiques dans un contexte de pénurie de composants.

Les tags laissés sur les lieux d’un des incendies sont explicites sur la cible et la raison du sabotage. L’objectif était d’impacter une production qui consomme énormément d’eau et d’électricité en incendiant les transformateurs et les câbles haute tension. Si nous n’avons aucun souci moral avec la radicalité de l’action, il faut questionner la tactique employée pour dénoncer l’impact écologique de l’industrie microélectronique.

Ces incendies ont coupé la production des deux sites industriels comme le souhaitaient les saboteurs mais ils ont également endommagé un pont important pour la circulation des habitants de la vallée, détruit des équipements médicaux privés d’électricité et ils auraient pu, lors de la coupure, avoir des conséquences dramatiques en cas d’accident dans ces usines classées Seveso donc à risque.

Au-delà de ces risques, la CGT Soitec et STM ont exprimé leur opposition aux incendies et leur rejet de ces actions dangereuses tout en reconnaissant la nécessité vitale de débattre de l’impact de leurs industries.

L’urgence écologique pousse à des actions radicales contre une société qui court à sa perte, mais l’avant-gardisme et l’aventurisme ne permettront pas de construire les organisations de masse nécessaires pour abattre le capitalisme  : en effet ces actions organisées par des personnes extérieures sont massivement rejetées par les travailleurs et travailleuses concernées qui, voyant leur industrie attaquée et la mise en danger causée par les sabotages risquent alors d’être solidaires avec leur direction.

Ne jamais mettre en danger le voisinage

Le sabotage est un outil utile dans la lutte écologiste anticapitaliste mais il doit être manié par les travailleurs et les travailleuses pour être pertinent, efficace et sans danger. Le personnel des IEG (industries électriques et gazières) est le seul à pouvoir opérer des coupures de courant sans risque, les raffineurs doivent être inclus dans la lutte essentielle contre les gaz à effet de serre, les salariées de la microélectronique peuvent mener le débat sur leur industrie.

Pour cela l’organisation syndicale est primordiale, c’est elle qui est en mesure de reprendre la gestion de la production et donc des enjeux écologiques qui l’accompagnent. Les syndicats doivent le prendre en compte et c’est heureusement l’angle adopté par la CGT de STM et de Soitec dans leurs communiqués et leur article dans le journal Options de l’Union générale des ingénieurs cadres et techniciens (Ugict). Ils y rappellent l’engagement de leur syndicat dans « Plus jamais ça » avec des ONG pour mieux prendre en compte les impératifs écologiques, longtemps marginalisés dans les organisations syndicales. Ils revendiquent également un contrôle citoyen sur leur industrie et la sortie de celle-ci des logiques productivistes capitalistes.

C’est ainsi qu’en tant que militantes et militants révolutionnaires nous pourrons avoir un réel effet sur l’impact écologique des industries, essentielles ou non  : au sein de notre classe pour renforcer cette dynamique.

Emile (UCL Grenoble)

 
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