22. Syndicalisme et activités de soin : les aidants sont des aidantes




Vieillissement de la population, luttes et difficultés de recrutement dans les métiers du soin, donnent de quoi réfléchir aux stratégies et revendications portées par le syndicalisme dans le cadre de la lutte féministe.

Abordons la question du syndicalisme dans le milieu du soin par le «  congé de proche aidant  ». Chaque salariée a droit depuis fin 2020 à des congés rémunérés par la CAF pour s’occuper d’un proche en situation de handicap ou de perte d’autonomie.

Le droit du travail favorise alors un processus de privatisation des activités du soin au sein du cercle familial privé. Ce droit renforce l’idée que ces activités sont réservées aux femmes. Et sans surprise on constate que les aidants sont en fait des aidantes  [1].

La privatisation profite aussi aux lucratives entreprises de service à la personne. Conséquences  : dégradations des conditions de travail et du service rendu, précarité et bas salaires. Les luttes actuelles dans le secteur de la petite enfance en sont une bonne illustration. Le secteur des assurances se prépare déjà à financer, avec la future loi Grand Age, des prestations sur la perte d’autonomie, par des accords de branche et d’entreprise. 

La privatisation du soin

Le syndicalisme de lutte y oppose la socialisation des financements de ces activités  : cotisation sociale et inclusion de la perte d’autonomie dans la branche maladie de la Sécu. Mais aussi la socialisation de leur organisation  : un service public fort pour limiter au maximum les sources de profit. Non sans contradiction  : le congé proche aidant est une revendication syndicale.

Socialiser ces activités, pour de meilleurs salaires et contre la précarité, c’est gagner une base matérielle en vue d’un objectif central pour unifier revendications féministes et syndicalistes. Faire reconnaître par la société les activités du soin comme étant un vrai travail, à salarier, valoriser, financer, organiser et syndiquer. La socialisation contribue à sortir l’exercice de ces activités hors du cercle familial privé. Et à les exercer le plus possible par des personnes en dehors de ce cercle.

Les confédérations syndicales, parce que cela ne concerne pas que les femmes, ne mettent pas vraiment en avant cet objectif. Elles n’établissent alors pas de lien concret entre leurs principes généraux d’égalité femmes/hommes et ces luttes. Elles échouent à combattre l’idéologie patriarcale qui affirme comme naturellement féminines ces activités du soin.

À l’inverse, par l’affirmation de cet objectif, les luttes syndicales dans les activités du soin contribueront bien mieux au combat féministe. En retour, les mouvements féministes seront plus facilement enclins à se lier au syndicalisme pour le soutien et l’organisation de ces luttes. Le slogan «  luttes de classe et féminisme, même combat  !  » prendra un contenu plus concret.

Le groupe de l’UCL Vosges

 
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