Antipatriarcat

États-Unis : Une série de lois contre le « péril » LGBTI




Aux États-Unis, une offensive conservatrice sans précédent fait reculer les droits des personnes trans dans tout le pays. Au moins 15 États ont voté ou vont voter des lois pour poursuivre les médecins ou les parents d’enfants ayant entamé une transition médicale, avec des peines allant jusqu’à la perpétuité. À l’international des attaques similaires sont à craindre.

Aux États-Unis le discours s’est durci : les personnes trans sont accusées de vouloir s’en prendre sexuellement aux enfants, un argument servant à justifier les pires atrocités [1]. Des figures politiques du Parti républicain ont ainsi appelé à la violence voire au meurtre. De l’autre côté, des lois contre les personnes trans dans le sport autorisent les écoles à inspecter les organes génitaux de leurs élèves.

La Floride vient d’interdire aux écoles d’éduquer les enfants sur les questions d’orientation sexuelle et d’identité de genre. Pendant ce temps, la Cour suprême a le mariage gay dans le viseur. La tactique est éculée : s’en prendre d’abord aux communautés les plus opprimées, puis aller chercher progressivement de plus gros poissons.

Comme à leur habitude, les conservateurs drapent leurs attaques de belles causes à défendre. Les enfants bien sûr, mais aussi les femmes, en reprenant à leur compte les arguments de « féministes » transphobes de tous bords. Pendant ce temps, le droit à l’avortement recule dans tout le pays, avec des lois particulièrement odieuses. Les défenseurs du patriarcat restent cohérents : les attaques contre les personnes LGBTI vont de pair avec les attaques contre les femmes.

Le Royaume-Uni est aussi en première ligne sur la transphobie, propulsée notamment par le militantisme de J.K. Rowling : une loi contre les thérapies de conversion portée par la majorité conservatrice a été votée… mais les pratiques visant les personnes trans en ont été retirées à la dernière minute, contre l’avis de l’écrasante majorité des organisations LGBTI du pays.

Les premières escarmouches européennes

En France, l’académie de médecine a publié un communiqué pour décourager les médecins d’accompagner les adolescentes et adolescents dans leur transition. L’ordre des médecins menace quant à lui les psychiatres qui délivreraient « trop facilement » des attestations pour l’accès aux chirurgies. Ces organisations agitent le spectre d’une « épidémie » de transidentité. En appui à cette thèse, une étude qui n’a respecté aucun des fondements les plus basiques de la recherche scientifique, et qui a depuis été contredite par des études plus sérieuses [2]. Comme en écho avec la Floride, Macron a annoncé dans une interview [3] être contre l’éducation aux questions d’orientation sexuelle et d’identité de genre à l’école primaire voire au collège.

Face à ces offensives, il est indispensable de s’organiser, dans nos syndicats ou au Planning familial par exemple, pour arracher des droits et protéger ceux que nous avons conquis. Mais le caractère international de l’offensive conservatrice doit aussi nous interroger sur les ponts à construire à l’étranger pour lui faire front.

Chloé (UCL Grenoble) et
Alex (UCL Paris nord-est)

[1« “Grooming” Is Republicans’ Cruel
New Buzzword for Targeting Trans Kids »,
The New Republic, 17 mars 2022.

[2« Do Clinical Data from Transgender Adolescents Support the Phenomenon
of “Rapid-Onset Gender Dysphoria” ? », Bauer, Greta R. et al., The Journal
of Pediatrics
, 2022.

[3« Questions de genre traitées à l’école :
ce qu’en pense Emmanuel Macron », Brut, 8 avril 2022

 
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