Edito : Inquiétante banalisation




La banalisation de l’extrême droite en France n’est pas nouvelle. Elle est d’abord le fait d’une classe politique délégitimée, qui a aboli progressivement toutes les barrières morales qui la séparaient des thématiques d’extrême droite, à mesure que disparaissent les survivantes et la mémoire vive de la Seconde Guerre mondiale.

Elle résulte aussi d’une offre médiatique grand public qui a banalisé l’hystérie fasciste de quelques éditorialistes.

Mais ce qui est nouveau et particulièrement inquiétant, c’est la banalisation qui pénètre les rangs de la gauche sociale au sens large du terme (militantes et sympathisantes). Au point que certaines en sont venues à relativiser le danger d’une arrivée au pouvoir du RN ou, pire, que certaines annoncent voter en sa faveur au nom d’un « barrage anti-Macron ».

Disons-le haut et fort : voter en faveur du RN, quelles qu’en soient les raisons pseudo-tactiques, c’est se faire complice de l’hydre fasciste, c’est se faire ennemi du genre humain.

Pour les personnes qui comparent l’arrivée au pouvoir de Le Pen à celle de Trump ou de Salvini, rappelons la particularité du contexte français : l’État français est un bloc monolithique au fonctionnement vertical à tous les échelons. Ce fonctionnement très monarchique limite fortement les contre-pouvoirs ou la contradiction au sein de l’État.

Un parti fasciste arrivant au pouvoir s’appuierait sur une administration caporalisée et sur des forces armées largement acquises à sa cause. Marine Le Pen ne se contenterait pas de faire du supersarkozysme ; elle disposerait des leviers pour aller bien plus loin.

 
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