Écologie

Les contradictions de la croissance verte




Égale à elle-même, l’écologie politicienne, capitaliste et technocrate se félicite de développer des transports « verts » aux détriments des plus précaires et des pays du Sud. Plusieurs collectifs locaux se mobilisent contre cette imposture.

Le bassin grenoblois est depuis le 15 janvier dernier la « Capitale verte Européenne », récompensé de répondre aux logiques capitalistes vertes et aux intérêts privés au détriment des plus précaires et de l’environnement. Le jour-même de nombreux collectifs, militants et militantes ont dénoncé l’opération de greenwashing. Le label décerné à la Ville de Grenoble par la Commission européenne favorise les grandes entreprises du territoire comme Orange, Caterpillar France ou encore Schneider Electric, qui poussent à résoudre des enjeux environnementaux par l’innovation technologique « verte » qui sauve leur communication et leurs profits.

Pourtant d’après le Giec il ne reste que trois ans pour mettre en place des solutions rapides : une optique productiviste et consumériste ne redressera pas la barre par un miracle technologique.

Dans la cuvette grenobloise, la réponse apportée aux enjeux environnementaux ne sert que les intérêts bourgeois au détriment du reste des habitants et des habitantes. Les transports sont au cœur du dossier de Grenoble Capitale verte, des kilomètres de pistes cyclables, le Métrocâble et les zones à faibles émissions (ZFE).

Même si les habitants et les habitantes utilisent le vélo, avec plus de 470 km de pistes, un relief plat et un service de location de vélo proposé par la Métropole, Le Postillon a mis en évidence la réalité derrière ce système marketing : grèves des salariées, CDD non reconduits, pressions managériales, conditions de travail absurdes. Le rêve cycliste se fait sur le dos des personnes qui travaillent, des usagers et des usagères. Quant à la gratuité des transports en commun, promesse électorale d’Eric Piolle, elle n’est pas mentionnée.

Pollution externalisée

Projet phare pour l’obtention du label, le Métrocâble prévu pour 2023 est dénoncé, par le Collectif contre le Métrocâble et son monde, comme un non-sens écologique qui nécessiterait la bétonisation de certains sols et une hausse de la consommation d’énergie. Caution verte de l’urbanisation sans limite, le métrocâble doit permettre le projet Portes en Vercors : un « éco-territoire » si sensible aux questions écologiques qu’il menace des dizaines d’hectares de terres cultivables...

Quant aux ZFE, elles touchent pour le moment les véhicules utilitaires légers et les poids lourds, autorisés en ville selon l’énergie employée. À coup de subventions, la Métropole fait remplacer les véhicules d’entreprise. Ces derniers ne sont pas verts pour tout le monde ! La pollution est déplacée dans des pays non-occidentaux qui subissent les logiques extractivistes des entreprises occidentales pour produire de plus en plus de batteries - et les carburants « écolos » restent issus de l’extraction pétrolière.

Dès janvier 2023, via la loi Résilience-Climat, ce sont les particuliers et particulières qui faute d’avoir la voiture individuelle adaptée seront exclus et risqueront d’être sanctionnées par le projet de « vidéoverbalisation humaine » du maire. Quand le capitalisme de surveillance rencontre l’éco-blanchiment.

Elsa et Alice ( UCL Grenoble)

 
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