antifascisme

Rassemblement national : mais qui l’a dédiabolisé ?




La lepénisation des esprits n’est pas nouvelle, elle a une histoire. Depuis 1983 et les premiers succès électoraux du Front national (FN), en même temps que se développait un antifascisme sincère, les opportunistes de tous bords ont cherché à utiliser le FN à des fins électoralistes. Et depuis les idées du FN font leur chemin dans le contexte néolibéral de destruction des conquis sociaux.

Dès les premiers succès électoraux du Front national (FN) en 1983, des réponses radicales se sont développées, notamment la Section carrément anti Le Pen (Scalp) qui naît dans un contexte libertaire et autonome. Mais pour une bonne part des organisations politiques l’émergence du FN est perçue à travers leurs perspectives de conquête du pouvoir.

Ainsi, bien que les proximités idéologiques soient nombreuses – on retrouve dans les états-majors des deux grands partis de la droite dite républicaine d’alors, le RPR et l’UDF, plusieurs anciens d’Occident, groupe d’extrême droite particulièrement violent, dissout en octobre 1968, et notamment les futurs ministres de droite  : Devedjian, Madelin, Longuet, Novelli – le racisme décomplexé du FN fait tache et semble être une gêne à l’accession au pouvoir de Chirac même si la tentation des alliances, et il y en eu localement plusieurs, a longtemps fait hésiter de nom­breux cadres de droite.

Installé depuis quarante ans dans le paysage politique, le FN impose ses thèmes qui jusqu’à aujourd’hui font recette : immigration, insécurité, islamisation, identité…

Ses premiers soutiens sont issus de la bourgeoisie

Pour le PS, l’émergence du FN semble être une aubaine. Depuis la victoire de mai 1981 l’espérance est retombé. Le PS se convertit à «  l’économie sociale de marché  », autre façon de nommer le capitalisme, certes teinté d’une dose de politique sociale mais loin de la socialisation des moyens de production. Les premiers succès du FN arrivèrent à point nommé pour le PS, alors mis en difficulté par des grèves importantes, Pierre Mauroy, alors Premier ministre, avait stigmatisé des grévistes d’être manipulés par des «  intégristes chiites  ».

La réponse politique à cette montée du racisme institutionnel est navrante. En 1984, Laurent Fabius, alors Premier ministre, ose dire que «  Le Pen pose des bonnes questions mais apporte de mauvaises réponses  ». Le Pen est invité à l’Heure de vérité, l’émission politique de France 2, sur demande de Mitterrand. Enfin le FN envoie la même année plusieurs députés au Parlement européen.

Désormais installé dans le champ politique, le FN impose ses thèmes qui jusqu’à aujourd’hui font recette  : immigration, insécurité, islamisation, identité… Siphonner le FN en reprenant ses idées, tous s’y sont essayés, par conviction ou opportunisme avec le succès que l’on connaît, aujourd’hui l’extrême droite représente un tiers des suffrages exprimés au premier tour de l’élection présidentielle.

Si les premiers soutiens du FN sont issus de la bourgeoisie, il a également un soutien populaire. Ce sont celles et ceux qui sont en même temps les premières victimes des politiques libérales imposées depuis le début des années 1980, indifféremment par la gauche ou la droite. Le désespoir social, économique et politique a offert à l’extrême droite un terreau favorable à l’expression de ses idées nauséabondes.

Combattre le FN-RN ne peut se faire sans victoires de notre camp dans les luttes sociales. Tous et toutes unies pour conquérir de nouveaux droits, dans une solidarité de classe retrouvée, c’est la seule voie qui permettra de renvoyer le FN-RN et l’extrême droite dans les poubelles de l’histoire.

David (UCL Grand-Paris sud)

 
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