Antipatriarcat

Coordination fédérale non mixte de l’UCL : P.rendre la parole, un grand pas vers l’autogestion




La première Coordination fédérale en mixité choisie de l’UCL s’est tenue en mars. Une cinquantaine de femmes et minorités de genre déléguées par leurs groupes locaux se sont réunies pour décider des orientations de leur organisation. Retour sur une initiative pionnière.

Le manifeste de l’UCL affirme que pour lutter contre le patriarcat, la mise en œuvre de pratiques de luttes accueillantes, égalitaires et émancipatrices est indispensable. Or malgré de nombreux outils pour favoriser les prises de paroles et les mandatements de tous et toutes (priorité dans les tours de paroles, formations non-mixtes…), le temps de parole reste très majoritairement occupé par les hommes.

Peu de mandats sont confiés aux femmes et minorités de genre dont la présence dans les instances fédérales voire locales est trop rare. L’UCL a donc voté la tenue d’une coordination fédérale (CF) sans homme cisgenre. C’est la première fois qu’une organisation mixte de notre camp social organise une instance décisionnaire nationale en non-mixité.

Chaque minute d’intervention est un temps de formation

Construisant plus d’égalité, la CF a créé les conditions d’une autogestion et d’une démocratie directe véritables où chacune peut se représenter soi-même et les autres, plutôt que de déléguer systématiquement sa parole aux hommes. Beaucoup ont assuré des mandats pour la première fois, s’emparant de l’ensemble des débats politiques qui traversent l’organisation, au-delà des thématiques antipatriarcales.

À rebours de la répartition genrée stéréotypée des spécialités, chacune a éprouvé sa capacité à représenter ses camarades sur tous les sujets. Ces deux jours ont aussi simplement commencé à rattraper le retard considérable de temps de parole accumulé depuis la création de l’UCL. Ce rattrapage est infiniment précieux puisque chaque minute d’intervention est en elle-même un temps passé à se former et à affirmer sa propre légitimité à prendre la parole. Ainsi, les femmes et minorités de genre de l’organisation sont-elles désormais plus outillées pour participer pleinement lors des temps fédéraux.

L’expérience appelle à être renouvelée. Pour toutes les raisons précédemment évoquées, pour continuer à renforcer les liens entre toutes les femmes et minorités de genre de l’organisation et briser l’isolement parfois ressenti dans des groupes locaux très masculins, et, qui sait, pour que s’élaborent peut-être de nouveaux usages de débat mieux débarrassés des réflexes induits par nos habitudes patriarcales.

La tenue d’une CF en non-mixité s’ajoute aux outils dont se dote l’UCL pour mener en son sein la lutte anti-patriarcale. Que ce soit par la mise en œuvre d’une procédure non-mixte en cas d’agression sexuelle, partagée avec notre camp social [1], ou par cette nouvelle initiative : pour la protection des militantes comme pour la démocratie directe, l’UCL est féministe.

Louise (UCL Montreuil)

 
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