Politique

Point de vue : ne pas diaboliser l’« instruction en famille »




Dans son intervention du 2 octobre, Macron a annoncé vouloir interdire dès la rentrée 2021, sauf pour raisons médicales, l’instruction à domicile. Loin de cette image de repli sur soi, l’instruction à domicile met aussi en avant les valeurs de la pédagogie libertaire et permet aux enfants de se construire pleinement.

Dans son discours de début octobre, Macron donne des exemples stigmatisant les musulmans, des amalgames, qui pourraient diviser la population et légitimer le racisme, à grands coups de valeurs de la république. Interdire l’instruction en famille (IEF) stopperait le radicalisme  ? Sérieusement, s’il existe réellement des familles radicalisées qui instruisent en famille, elles pourront toujours tenter d’endoctriner leurs enfants en dehors des temps scolaires. Or ces cas sont exceptionnels, comme l’a maintes fois précisé Blanquer lui-même.  [1]

Le gouvernement répond donc à l’exception en supprimant les libertés de l’ensemble de la population. Les parents qui ont fait le choix de l’IEF sont très variés, pas de profil type. Ils ont fait avant tout le choix de la liberté. Ils ne sont d’ailleurs pas complètement libres car actuellement l’IEF est déjà très réglementée, les contrôles de l’inspection académique sont annuels et les mairies peuvent vérifier les conditions d’instruction au domicile.

Les unschooleurs du Livradois sont des enfants passionnés, curieux, grands lecteurs, vivant en plein air, issus des classes populaires. Ils ont soif d’apprendre, soif de contact humain. Et ils ont de nombreux amis, ils ne sont pas seuls – isolés à la maison – comme on pourrait le penser. Ils ont du temps. Du temps pour jouer, pour lire, pour découvrir, pour apprendre à leur rythme, pour voyager.

Quels changements imaginer en canalisant tous les enfants de la République dans un seul et unique modèle  ? Les enfants construiront le monde de demain. Si nous, adultes, ne permettons pas, n’encourageons pas une certaine diversité de construction, comment la société pourra-t-elle se renouveler  ?

Enseigner autrement

En 1901, Francisco Ferrer crée la Escuela moderna. Sa pédagogie libertaire évacue toute idée de compétition, il n’y a ni examen ni classement dans l’École moderne, afin de privilégier la solidarité et l’entraide entre les élèves. Punitions et récompenses en sont également exclues. Les professeurs n’interviennent que très peu, et jamais sans avoir été au préalable sollicités par un ou plusieurs élèves, afin de respecter les capacités de l’enfant à se construire lui-même.

Les parents ayant fait le choix de l’instruction hors-école sont majoritairement attachés à l’idée de l’institution «  école de la république publique gratuite et laïque  ». Néanmoins, tant que les conditions socio-économiques seront inégalitaires, les conditions d’enseignements dégradées, les enseignants non écoutés, tant que l’État-patron sera aux commandes et au service du Capital, ils revendiqueront toujours et encore la liberté d’instruction, c’est un droit constitutionnel.

Les associations de parents sont en lutte, elles se sont fédérées pour prendre conseil auprès d’un avocat, afin de contrer ce projet de loi liberticide qui devrait être présenté au conseil des ministres le 9 décembre.

UCL Livradois

[1«  Pour l’école de la confiance  », octobre 2020, Eduscol.education.fr où le ministre annonce déjà l’interdiction de l’IEF comme étant actée, s’asseyant ainsi sur le processus législatif de vote d’un projet de loi !

 
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