Edito

Santé, pharma : socialiser, ouvrir une brèche




Indéniablement, la crise du coronavirus a élargi la prise de conscience que le capitalisme est un système mortifère. Mais il ne suffit pas de répéter comme un mantra qu’il faut « tout changer, tout réinventer ». Il faut avancer un projet de société alternatif, le mettre en discussion, et y compris faire de la prospective : aurait-il mieux affronté le virus ?

Cela faisait des années que les travailleuses et les travailleurs de la santé alertaient, mais il a fallu le coronavirus pour mettre crûment au jour les dégâts sur le système santé des objectifs de rentabilité capitaliste conjugués à une gestion bureaucratique.

Dans la presse, les tribunes se sont multipliées pour exposer la vision d’un « monde d’après » qui aurait tiré toutes les leçons de la crise. Pour les communistes libertaires celle-ci a démontré la nécessité de révolutionner le système de santé, qui doit être intégralement unifié et socialisé sous contrôle populaire. Unifié, cela signifie la réquisition des cliniques privées et leur intégration dans le service public ; des embauches massives ; la création de milliers de lits supplémentaires ; un maillage territorial revitalisé. Ce serait un progrès immense pour la population en général, mais aussi – à condition d’un volontarisme spécifique – pour les catégories les moins biens soignées, comme les femmes.

Mais il n’y a pas de système de santé viable sans qu’il ait son autonomie productive. La pénurie de masques, de surblouses, de tests, de respirateurs, puis l’incapacité à en produire en urgence sont un scandale de la loi du marché, doublé d’un scandale d’État. Les affaires Plaintel ou Luxfer en sont l’illustration. Là comme en Grèce, ce sont des ouvrières et ouvriers qui, en se battant pour leur avenir, défendent l’intérêt général. La socialisation du système de santé suppose donc aussi la socialisation de l’industrie pharmaceutique et de fabrication du matériel médical. Elle permettrait par exemple de relocaliser la production de médicaments, alors que le pays est régulièrement en rupture de stock, et de réorienter la recherche et développement vers la satisfaction des besoins réels.

En défendant, ici et maintenant, la socialisation et l’autogestion du système de santé, parce qu’il y a une disponibilité à débattre de ce secteur vital, l’UCL entend faire avancer, sur le même modèle, l’idée d’une révolution complète de la société.

Un dossier coordonné par
Simon (Rennes), Lulu (Nantes),
Tudy (Grenoble), Grégoire et Matthias (Orléans)


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