Culture

Lire : Bourboulon, « Soleil trompeur »




Peu de manifestations ou de mobilisations contre l’avancement du chantier du projet Iter à Cadarache (Bouche-du-Rhône) qui promet ni plus ni moins de « mettre le soleil en boîte ».Pourtant, celui-ci est une caricature de GPII (Grand Projet Inutile et Imposé) par sa démesure, ses ambitions promothéennes, son budget exponentiel, sa technologie non maîtrisée, son inadéquation aux besoins et l’opacité qui l’entoure. Isabelle Bourboulon, journaliste indépendante, a enquêté.

Elle nous décrit le chantier colossal, situé à quelques kilomètres de la faille sismique de la Moyenne Durance, décidé en dehors de tout processus démocratique. Le principe de la fusion nécessite de chauffer à 150 millions de degrés un plasma de deutérium et de tritium, technique loin d’être maîtrisée et beaucoup plus polluante qu’annoncée. Le budget, évalué initialement à 10 milliards d’euros pour la construction, l’exploitation et le démantèlement, puisqu’il ne s’agit que d’un modèle expérimental, précédant la construction de modèles dédiés à la production, pourrait au final s’élever à 65 milliards, difficile cependant à évaluer car 90% des contributions des trente-cinq pays partenaires sont en nature, sans communication sur les coûts réels. La plupart de ces informations, comme toutes les incertitudes scientifiques, ont été occultées derrière la propagande des « technodiscours » et les promesses d’énergie propre et illimitée.

L’exposé est clair, accessible et complet. Tous les aspects, techniques, financiers, environnementaux, sociaux, politiques, sont abordés, développés et soumis à la critique. Au-delà de cet exemple parmi les plus aberrants, Isabelle Bourboulon questionne les choix en matière de politique énergétique et remet en cause la confiance aveugle en la technique qui conduit à financer aveuglément et à fonds perdus de telles entreprises irréalistes.

Ernest London (UCL Haute-Loire)

  • Isabelle Bourboulon, Soleil trompeur. Iter ou le fantasme de l’énergie illimitée, préface de Michèle Rivasi Éditions Les Petits matins, 2020, 162 pages, 12 euros
 
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