Antipatriarcat

Sexualité : Des violences au-delà du consentement




Il est possible que l’affaire Polanski ait été le chant du cygne d’un vieux machisme sclérosé, pédocriminel. Mais des études dévoilent une montée inquiétante d’autres formes de violences.

Le 28 février, le pédocriminel Polanski a reçu le césar du meilleur réalisateur. Pourtant les féministes avaient dénoncé sa nomination. Cette attribution s’est faite « malgré la controverse » comme l’a écrit un quotidien. Tristesse et colère des femmes, désespoir de voir que toutes les dénonciations ne servent à rien, que les salauds sont récompensés et les victimes méprisées. Desfemmes ont quitté la salle, Adèle Haenel en criant « la honte ! ». Elle a dénoncé fin 2019 le harcèlement sexuel et les attouchements commis par le réalisateur Christophe Ruggia alors qu’elle avait entre 12 et 15 ans.

Cette récompense a tout du camouflet envers toutes les femmes qui ont dénoncé les violences sexuelles dans le milieu du cinéma, en nommant leurs agresseurs. L’académie des césars a envoyé un message de mépris absolument sans équivoque. De nombreuses personnes du milieu du cinéma ont exprimé leur soutien à Adèle Haenel et leur colère. D’autres ont exprimé leur soutien à Polanski et fait la fête avec lui.

Un césar mais pas de victoire

Cet événement a été analysé comme le backlash (retour de bâton) patriarcal après #MeToo. La récompense du meilleur film a été attribué aux Misérables, l’équipe nombreuse qui est montée sur scène ne comprenait aucune femme, quand on espérait Portrait de la jeune fille en feu. Mais si c’était plutôt les derniers coups de queue d’un vieux crocodile mourant ? L’Académie des césars qui a voté ce prix est totalement discréditée, sclérosée et machiste (65 % d’hommes parmi les adhérentes) et sa direction a démissionné deux semaines avant la cérémonie. Polanski et son équipe se sont dégonflés et ne sont pas venus chercher leur récompense. Weinstein, ancien producteur nord-américain, a été reconnu coupable de viols et d’agressions sexuelles et condamné à 23 ans de prison. Les choses bougent dans le bon sens pour ce qui est des viols et agressions sexuelles. Le silence est définitivement rompu (même si toutes les femmes ne peuvent pas parler et si l’impunité reste large), la solidarité entre les femmes se construit, la violence est devenue indéfendable.

Il nous reste à nous méfier d’un retour de bâton bien réel, celui qui habille l’agression en sexualité et muselle celles qui protestent au nom (d’une conception dévoyée) de la liberté et du libre choix. Fin 2019, une étude de la BBC a établi qu’une femme sur trois (de moins de 40 ans) avait subi des violences non consenties dans le cadre de rapports sexuels consentis : étranglement, gifle, crachats… En juin 2019, un journal américain parlait d’ « une hausse surprenante des étranglements pendant les relations sexuelles ». Un psychothérapeute parle d’épidémie silencieuse. La cause est l’image sociale de la sexualité : femmes un peu masochistes, nécessité de transgresser pour lutter contre l’ennui, hommes conquérants… Il est possible que les violences sexuelles quittent le terrain de l’agression pour devenir monnaie courante pendant les relations hétérosexuelles consenties.

Christine (UCL Sarthe)

 
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