Classiques de la subversion : « 11’30 contre les lois racistes »




C’est dans le contexte des mobilisations de masse contre les lois du ministre de l’Intérieur d’alors, Jean-Louis
Debré, qui durcissent les conditions
d’entrée et de séjour des étrangers, que
sort en mars 1997 l’album 11’30 Contre les lois racistes. Les bénéfices sont
reversés au Mouvement de l’Immigration et des banlieues (MIB) qui lutte
depuis 1995 contre le racisme d’Etat,
les crimes policiers et les discriminations que subissent les
habitantes et les habitants des
quartiers populaires, et les
populations issues de l’immigration.

Un seul morceau de 11 minutes 30 dans lequel se succède
au micro une pléiade de rappeurs, parmi lesquels un certain nombre de « poids
lourds » de la scène rap, le
groupe Assassin, Akhenaton et Freeman d’IAM, Passi et Stomy Bugsy,
membres du mythique Ministère Ämer,
ainsi que des artistes moins connus.
L’album est conçu sous l’impulsion du
réalisateur de cinéma Jean-François
Richet.

L’introduction du morceau 11’30, faite
par Jean-François Richet et Madj d’Assassin Productions met les points sur
les i dans une petite allocution devenue mythique : « Loi
Deferre, loi Joxe, lois Pasqua
ou Debré, une seule logique :
la chasse à l’immigré.
[…] Un
Etat raciste ne peut que créer
des lois racistes. Alors assez de
l’antiracisme folklorique et bon
enfant dans l’euphorie des
jours de fête. Régularisation
immédiate de tous les immigrés sans papiers et de leurs
familles. Abrogation de toutes les lois
racistes régissant le séjour des immigrés
en France. Nous revendiquons l’émancipation de tous les exploités de ce pays.
Qu’ils soient français ou immigrés. »
Une
déclaration sans concession, en rupture
avec le cynisme de la future gauche
plurielle (PS, PCF et Verts) qui manifeste contre les lois Debré mais qui se
gardera bien de les abroger à son retour
au pouvoir en juin 1997. Ces propos
font date : ils accompagnent l’émergence (ou la renaissance) du combat
contre le racisme postcolonial qui ronge
la société française, domine ses institutions et dont quelques années plus
tard, le soulèvement des banlieues de
novembre 2005 viendra rappeler la
réalité. Un album toujours d’une brûlante actualité en 2009.

Clément (AL Paris-Sud)

  • 11’30 Contre
    les lois racistes,

    Cercle rouge
    productions,
    1997.
 
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