La Martinique debout (4/4) : Etats-généraux de l’Outre-Mer : un non-événement




Lire aussi les autres articles de la série :

 1/4 Sé pou le viktwa nou laké !
 2/4 Deux cents ans de révolte
 3/4 Pour une économie libérée du carcan colonial

Sur la grève générale de février-mars 2009 en Martinique, procurez-vous le livre de Nemo, Matinik Doubout.


Boycotté par les organisations au cœur du mouvement de l’hiver der-
nier, ignoré par la population, cette initiative évite soigneusement de
poser les questions importantes.

Conformément à ses discours, le
Président Sarkozy a organisé des États
généraux de l’Outre-Mer d’avril à
août 2009. L’idée n’est pas nouvelle.
Du temps du ministre Jean-Jacques
de Peretti, on parlait plutôt d’« assises »... Mais, en France métropolitaine comme aux Antilles, tout le monde
est lassé de ces faux semblants où tout
est déjà joué d’avance. Qui établit
l’ordre du jour, le calendrier, l’organisation des ateliers ? Le processus
employé n’est sûrement pas celui de
la démocratie directe.

Il faut voir avec quelle insistance, le
gouvernement français et une bonne
partie des élus locaux ont évoqué l’idée de « gouvernance »… alors que
ce qu’il faudrait mettre sur le tapis, ce
sont l’autonomie, l’indépendance, les
articles 73 et 74 de la Constitution.
Mais, pour le coup, ces sujets n’ont
absolument pas été abordés par le
mouvement social de février-mars.

En 2003, la population antillaise, au
grand dam des élus – notamment
indépendantistes – a rejeté le projet de
réforme institutionnelle qui amenait
davantage d’autonomie. Il s’agissait
de changer le statut de région-département de l’île pour en faire une nouvelle entité avec une assemblée unique.
Mais, alors que tout a été fait, depuis
toujours, pour précisément empêcher
l’édification d’une industrie et d’une
économie digne de ce nom qui
auraient permis d’établir une forme
d’indépendance, comment être surpris
de la frayeur d’« assistés » face à l’autonomie ? Pourtant, le slogan qui a été
crié, « Matinik cé tanou », et pas aux
Békés, était porteur d’un espoir de
réappropriation. Les revendications
spécifiques pendant le mouvement de
février-mars 2009, avait une résonnance plus larges, anticolonialiste et
internationaliste.

Pour en revenir aux États généraux,
le journaliste Roland Laouchez, les
présente comme une espèce de
« covoiturage » qui embarque tous les
éléments conservateurs de l’île. Et si
on les écoutait, on entendrait un discours qui se résume à : « Ne changez rien ! »... Et pour certains : « Brandissons de temps à autre le drapeau de
l’indépendance ». Malgré le relais des
médias insulaires, l’indifférence populaire a été totale. Il est vrai que le Collectif du 5 Février, tout comme le
LKP en Guadeloupe, a refusé de participer à ces États généraux. L’État veut
savoir ce que le peuple a à dire ? Il
n’avait qu’à écouter la rue en février-
mars. Quelques organisations éparses,
comme la CFDT, y sont quand même
allées. Pour quoi faire ?

Nemo (AL Fort-de-France)

 
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